Bonjour,
Je suis une jeune femme de bientôt 18 ans. Le 30 août j’ai mon premier rdv chez un gynécologue, ce médecin est un homme, je n’ai pas vraiment eue le choix car il y a de moins en moins de spécialistes dans cette profession. Je suis vraiment très anxieuse car j’ai un énorme bloquage avec les hommes (je suis lesbienne) et surtout j’ai déjà fais ma première fois avec une femme mais nous n’avons jamais réussi la penetration vaginale, je suis très étroite et ce fut très douloureux (à chaque fois…)
De plus, j’aimerai lui parler de ce problème mais je suis tellement gênée que je ne sais pas comment aborder le sujet, rien que d’en parler à ma copine j’en ai les larmes aux yeux. Je me sens tellement ridicule et je suis terrorisée..!
Je voudrais savoir quel types de questions ce spécialiste peut me poser ?
Comment se déroule le premier rdv ?
Et est-ce douloureux ?
Comment pourrais-je aborder ce sujet gênant ?
Comoment pourrai-je me détendre ?
Mille mercis pour vos conseils !
-Lolac
Bonjour Lolac et merci de vous adresser à AlterHéros.
Vous êtes très anxieuse à l’idée de consulter un gynécologue pour la première fois. La date de votre rendez-vous approche à grands pas et vous avez plusieurs inquiétudes.
Le premier rendez-vous gynécologique est généralement source de stress. C’est normal! Il n’est pas toujours facile de parler de sexualité et de se dévêtir devant quelqu’un qu’on connaît, qu’on aime et à qui on fait confiance, alors lorsqu’il s’agit d’un inconnu, difficile d’être à l’aise, n’est-ce pas! Vous n’avez pas à vous sentir ridicule, c’est correct (quoique désagréable) d’avoir peur, d’autant plus que c’est la première fois.
Toutefois, il faut savoir que les gynécologues, femmes et hommes, sont formé.e.s pour faire face à de telles situations. Je suis aussi rassurée de savoir que votre copine est là pour vous écouter et vous appuyer. Je vous invite fortement à spécifier au médecin que c’est votre premier rendez-vous gynécologique et que vous n’attendiez vraiment pas ce moment avec impatience (euphémisme!); il saura sûrement faire preuve d’un peu plus de douceur qu’à l’habitude.
Petite mise en garde en débutant: plusieurs professionnel.le.s de la santé, malheureusement, ont une fâcheuse tendance à être hétérosexistes, c’est-à-dire de perpétuer l’idée que seules les relations hétérosexuelles existent et/ou sont valides. En tant que personnes gaies, lesbiennes ou bisexuelles, il faut parfois les éduquer, même si cela ne devrait pas relever de nos tâches, particulièrement lorsqu’on a recours à des services de santé. Il se peut que le médecin prenne pour acquis que vous avez des rapports sexuels avec des hommes et que vous deviez spécifier qu’en ce moment (et peut-être pour toute votre vie!), c’est avec une femme que vous partagez votre intimité sexuelle. C’est dommage qu’on en soit encore là en 2016, mais il vaut mieux le savoir avant de se présenter à un rendez-vous médical.
Alors, comment ça se passe?
Le scénario le plus probable est le suivant: le médecin vous posera quelques questions sur votre santé en général, puis des questions plus spécifiques, par exemple à propos de votre cycle menstruel (dernière date de début des règles, présence de douleurs), vos rapports sexuels et les risques encourus s’il y a lieu (relations sexuelles avec ou sans protection? risque de grossesse? ITSS – infections transmissibles sexuellement et par le sang?), dernier PAP test (je comprends que vous n’en avez jamais eu).
Vous pouvez en profiter pour lui parler de votre inconfort lors de la pénétration; ce sera le moment pour le faire. Sachez que plusieurs femmes éprouvent de telles douleurs pour différentes raisons: tension musculaire (parfois causée par la peur même de la douleur!), manque de lubrification, hymen particulièrement capricieux… vous n’êtes donc pas seule et vous n’avez pas à avoir honte. Toutefois, je comprends que vous soyez gênée d’aborder le sujet. Ce n’est pas tous les jours qu’on discute de son vagin avec un homme qu’on ne connaît pas.
Il vous demandera ensuite d’enlever votre culotte et vous allonger pour un examen gynécologique. Il se peut que vous deviez enfiler une jaquette d’hôpital. C’est la partie la moins plaisante pour plusieurs d’entre nous. Il y a probabilité qu’il vous tâte le bas-ventre pour vous assurer que tout est fonctionnel (absence de kystes, par exemple), puis qu’il observe votre vulve (organes génitaux externes) pour s’assurer de sa bonne santé. Ensuite, un toucher vaginal avec un doigt et l’insertion du spéculum pour mieux voir le col de l’utérus sont choses communes. C’est pourquoi il est important de discuter avec lui de vos douleurs lors de la pénétration AVANT qu’il procède, même si ça semble extrêmement difficile. Je ne vous cacherai pas que le processus pourrait être inconfortable, même si le médecin utilisera du lubrifiant pour faciliter la tâche. C’est rarement en gambadant avec joie que l’on se rend à un rendez-vous gynécologique!
Dans ce cas, comment se détendre?
Comment vous détendez-vous lorsque vous en ressentez le besoin? De grandes respirations profondes, lentes, qui font gonfler l’abdomen, peuvent aider. Vous pouvez écouter de la musique douce, boire quelque chose qui vous fait du bien (chocolat chaud? tisane? smoothie?), pleurer (oui oui, c’est permis chez le médecin aussi!), lire un bon roman ou une bande dessinée, serrer au maximum les muscles de votre plancher pelvien (autrement dit, les muscles du vagin) puis les détendre (ça semble particulier comme exercice, mais ça nous fait réaliser la différence entre l’état de tension et l’état de détente), demander à votre copine de vous accompagner à votre rendez-vous… À vous de voir quels sont les trucs qui fonctionnent habituellement pour vous détendre lorsque vous êtes anxieuse.
Voilà. En terminant, je vous invite à vous préparer une petite récompense post-rendez-vous. Un bon repas au restaurant si vous en avez les moyens, une randonnée en nature, le visionnement d’un film que vous aimez en amoureuses… question de voir ce rendez-vous d’un oeil un peu plus positif, puisque ce qui suivra vous fera du bien!
J’espère que cela vous éclaire et vous rassure un peu.
N’hésitez pas à nous écrire à nouveau si vous avez d’autres questions, ou si vous voulez nous donner des nouvelles. L’équipe d’AlterHéros vous envoie plein d’ondes positives!
Marie-Édith, B.A. sexologie, pour AlterHéros