Ma psychiatre refuse d'aborder le fait que je sois trans et veut seulement que je me concentre sur mon TPL... que faire?

Je suis une trans FTM et veux devenir un gars. Ma psychiatre ne croit pas que ça soit la préoccupation essentiel dans ma vie et veux que je me concentre sur mon trouble de personnalité limite. Elle croit que c’est une phase et je ne sais pas comment lui montrer que je me sens vraiment mal dans mon corps qui n’est pas le mien. Comment je peux faire pour recevoir de l’aide dans ce cas là? je ne sais pas qu’elle ressource aller chercher, merci d’avance.

Élyse Vander

Je suis une trans FTM et veux devenir un gars. Ma psychiatre ne croit pas que ça soit la préoccupation essentiel dans ma vie et veux que je me concentre sur mon trouble de personnalité limite. Elle croit que c’est une phase et je ne sais pas comment lui montrer que je me sens vraiment mal dans mon corps qui n’est pas le mien. Comment je peux faire pour recevoir de l’aide dans ce cas là? je ne sais pas qu’elle ressource aller chercher, merci d’avance.
Jim
Bonjour Jim,
Merci de nous écrire et de nous partager ta situation. Dans ta lettre, tu t’identifies clairement comme un homme trans. Tu consultes déjà une psychiatre mais celle-ci refuse de t’aider sous prétexte que tu aurais d’autres problèmes à régler…
Ce n’est pas la première fois que j’entends une histoire comme ça. Ta psy, comme bien d’autres, fait l’erreur de vouloir découper ta situation actuelle en morceaux en croyant que ça va simplifier son travail. Par découper je veux dire ceci: à ses yeux tu as un morceau qui s’appelle « personnalité limite », un morceau qui s’appelle « trans » et probablement bien d’autres. Pour elle tout ces morceaux semblent exister séparément et peuvent être adressés séparément. Elle n’est pas la seule professionnelle de la santé à tomber dans ce piège. Depuis des décennies, les personnes trans se font refuser les traitements de transition sous prétextes qu’elles sont dépressives, bipolaires, anxieuses, borderline et ainsi de suite. On leur fait croire que avant de transitionner, il faut régler tous les autres problèmes. Or, c’est oublier qu’une grande partie de ces problèmes de santé mentale sont aggravés, voire provoqués, par l’inconfort quotidien de vivre dans le mauvais genre.
Le WPATH est l’organisme de référence mondiale en matière de soin aux personnes trans. Ils publient  un document, les Standards de soin, contenant une foule d’informations pertinentes pour les professionnels de la santé. Dans ce document, il est dit:

La présence de troubles mentaux coexistants n’exclut pas une possibilité de changement de rôles de genre ni l’accès à une hormonothérapie féminisante ou masculinisante ou à un traitement chirurgical ; ces troubles doivent plutôt être pris en charge de manière optimale avant ou en même temps que le traitement de la dysphorie de genre. En plus de cela, les clients doivent être évalués sur leur capacité à comprendre une information et à donner leur consentement éclairé pour un traitement médical.

Bref, ce n’est pas seulement moi qui le dit: les problèmes de santé mentale doivent être traités en même temps que la dysphorie de genre. L’un va difficilement sans l’autre. Le seul moment où une maladie mentale peut empêcher l’obtention de traitement pour une personne trans, c’est si cette maladie l’empêche de comprendre tous les enjeux reliés à la transition. Dans les Standards de soin, il est dit que le rôle des professionnels de la santé est d’accompagner les personnes trans, et surtout pas de décider à leur place s’ils sont homme ou femme, ou s’ils vivent des ‘phases’.
Quoi faire alors? Une bonne idée serait peut-être d’imprimer les « Standards de soin » du WPATH et les montrer à ta psy, afin d’élaborer un plan d’action avec elle. Ils sont disponible au www.wpath.org. Mais si ta psy ne veut rien entendre, sache que rien n’oblige à ce que ce soit elle qui supervise ta transition. En fait, il est recommandé pour les personnes trans de faire affaire avec des gens qui travaillent de façon régulière avec cette clientèle. Il y a certains psychiatres, mais surtout des psychologues, sexologues et intervenants communautaire. En travaillant avec des experts en question trans, tu t’assures de ne perdre ni ton temps, ni ton argent. Ne sachant pas où tu habites, le mieux que je puisse te suggérer est de contacter l’organisme LGBT de ta région ou bien l’Aide aux Trans du Québec (www.atq1980.org) qui ont des listes de professionnels recommandés. Tu peux aussi venir sur notre forum trans donner plus de détails de ta situation, peut-être y trouveras tu de bonne recommandations.
Ceci étant dit, les spécialistes n’ont un mot à dire que sur un aspect de ta transition: les médicaments. Et même là. Ce que je veux dire, c’est qu’il y a un tas de démarches que tu peux entreprendre de ton côté sans l’approbation de quiconque. Tu peux explorer par toi-même ta propre façon d’être un gars, que ça soit par ton style, tes cheveux, ta façon d’interagir avec les gens, ta façon de leur demander d’interagir avec toi. Chaque pas que tu fais pour mieux te connaître présentement fera en sorte de rendre les choses plus faciles le jour où tu seras prêt à entamer les démarches médicales.
Merci encore de ta confiance. N’hésite pas à nous réécrire en cas de besoin.
Élyse, intervenante pour AlterHéros

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