Les organismes pour jeunes gais démodés?

Lorsque je suis arrivé pour la première fois dans un groupe de discussion, je n’étais ni malade, ni dépressif. Je désirais simplement rencontrer d’autres jeunes comme moi. Par contre, j’ai connu une grande déception, causée par certains autres jeunes gais, lesbiennes ou bisexuel.les (GLB) et de leurs préjugés envers les organismes communautaires et des personnes qui s’y impliquent.

Équipe -Pose ta question!-

Lorsque je suis arrivé pour la première fois à Jeunesse Lambda, je n’étais ni malade, ni dépressif. Je désirais simplement rencontrer d’autres jeunes comme moi, leur poser des questions pour m’aider à comprendre, à accepter puis à vivre pleinement mon homosexualité. Or, j’ai eu le droit à beaucoup plus… J’ai rencontré des gens authentiques, d’autres jeunes comme moi, bien dans leurs peaux, qui m’ont jasé avec le sourire et m’ont montré qu’il est possible d’être gai et heureux. Je m’en suis fais des ami.es et, aujourd’hui, un an et demi plus tard, c’est à mon tour d’accueillir les gens à Jeunesse Lambda.

Je craignais aussi me retrouver devant une psychologue illuminée par ses mille diplômes qui me demanderait de raconter mes problèmes devant tout le monde. Or, la réalité était tout autre. J’ai vu deux animateurs de mon âge animer une discussion ponctuée d’humour, des gens exprimer leur point de vue, toujours dans le respect de l’autre. Il y avait une vingtaine de personnes dans la salle, provenant de milieux différents, aux habitudes et valeurs différentes, certain.es en questionnement, d’autres tout à fait à l’aise avec leur orientation sexuelle, et pourtant iels s’amusaient tou.tes ensemble, comme s’iels se connaissaient depuis longtemps.
Malheureusement, parallèlement à mon cheminement et mon implication croissante, j’ai aussi connu une grande déception, causée par certains autres jeunes gais, lesbiennes ou bisexuel.les (GLB) et de leurs préjugés envers les organismes communautaires et des personnes qui s’y impliquent. Des gens qui n’ont souvent jamais mis les pieds dans un groupe de discussions et qui jugent de façon très sévère leurs existences. Mais pourquoi se moquer autant de ces organismes? Pourquoi ont-iels souvent une attitude hautaine envers le milieu communautaire?
En un an et demi, j’ai vu plusieurs personnes défiler à Jeunesse Lambda. Plus d’une centaine pour être exact. Je suis conscient que ce n’est pas tout le monde qui a apprécié son expérience et je les respecte. Cependant, de nombreux.ses participant.es sont restées deux, trois, quatre mois et même plus, se sont fait des ami.es et parfois, des amoureux.ses, et sont aujourd’hui heureux.ses de nous saluer et prendre de nos nouvelles lorsque nous nous croisons dans la rue et vice-versa! Les groupes de discussions peuvent être une façon de rencontrer d’autres jeunes GLB, au même titre que les sites de clavardage sur Internet et le village gai. Chacun.e à ses préférences et se sent plus à l’aise avec l’une ou l’autre des façons. Toutefois, ce n’est pas une raison pour dénigrer les gens qui choisissent une autre façon que la nôtre!
Les premiers groupes de discussions francophones au Québec comme Jeunesse Lambda sont nés dans les années 1970, d’un désir de jeunes GLB de se rencontrer et de s’unir à une époque où l’homosexualité était encore considérée comme un désordre mental. Ils constituaient la seule ressource d’aide pour les jeunes GLB et ont été les incubateurs des premiers leaders de la communauté gaie qui ont milité pour une société plus équitable. Ces groupes ont évolué en même temps que la société, en même temps que leurs membres et participant.es. Aujourd’hui, Jeunesse Lambda est administré par une douzaine de jeunes bénévoles de 18 à 25 ans, provenant de milieux différents, et qui ont les mêmes préoccupations et désirs que n’importe quel.les autres jeunes!
Or, la vision des groupes de discussions de certains individus n’a pas évolué au même rythme, alimentée par les stéréotypes du milieu communautaire, ce qui en résulte une image négative et passéiste. Si je dois avouer avoir rencontré certaines personnes qui concordaient bien aux stéréotypes du milieu communautaire, elles ne sont qu’une infime partie des participant.es à Jeunesse Lambda, au même titre que les stéréotypes des ultra-clavardeux.ses de l’Internet et du stéréotype du gai « fashion victim » et superficiel existent, mais ne sont pas représentatifs de la grande majorité des jeunes GLB qui clavardent ou qui sortent en boîte de nuit!
Aussi, cette mentalité de dénigrement des organismes communautaires devient très lassante, démoralisante et injuste envers tou.tes les bénévoles et participant.es qui investissent leur temps et argent pour les maintenir en vie. De plus, malgré les bienfaits évidents qu’un site Internet comme AlterHéros, qu’un organisme de prévention comme RÉZO et que des organismes de discussions et d’activités comme Projet 10 et Jeunesse Lambda apportent à la société québécoise, les personnes qui s’y impliquent sont souvent pointées du doigt et étiquetées comme des militant.es fanatiques, au sens péjoratif du terme. Pourquoi devrais-je avoir honte de vouloir faire évoluer la société, d’aider d’autres jeunes comme moi et de discuter avec mes ami.es?
Les organismes communautaires, principalement les groupes de discussions et d’activités pour jeunes GLB, ne peuvent évidemment plaire à tout le monde et n’ont d’ailleurs pas cette prétention. Cependant, avant de les juger, je vous invite à assister à deux ou trois discussions ou activités de ces groupes. Vous pourriez être, je le suis persuadé, agréablement surpris.es…
Au plaisir de vous saluer à Jeunesse Lambda!

Renaud Bourbonnais
Bénévole à Jeunesse Lambda
Fier collaborateur à AlterHéros

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