Bonjour Merc,
Merci bien pour ta confiance. Tu sais il est parfaitement normal de se questionner sur le moment propice pour faire un coming-out. Il y a parfois dans les milieux LGBT une mentalité du « coming-out à tout prix » mais j’ai pu constater par expérience que ça ne doit pas être un dogme, que parfois il faut apprendre à rester discret et attendre. Et puisque tu es dans une situation de dépendance envers tes parents, c’est un énorme dilemme et je comprends que ça te déchire. Et malheureusement, je ne peux pas vraiment te dire quelle est la meilleure option pour toi. Tout ce qu’on peux faire, c’est regarder ensemble ces différentes options.
Première option, ne rien dire à ta famille. Cette option t’assure de garder leur affection, mais une affection qui vient au coût de ta propre identité. Je vois même que ce coût commence à lourdement te peser psychologiquement. À quelle point cette souffrance t’affecte-t-elle? Est-ce que ça pourrait aller jusqu’à nuire à tes résultats scolaires ou même ton désir de vivre? Il ne faut pas attendre de te rendre jusque-là! L’autre avantage majeur du statu-quo: l’argent. C’est vrai que des études en génie, c’est onéreux, mais ça ne dure qu’un temps et ça t’assure un bel avenir et beaucoup d’indépendance. La sécurité financière durant des études, surtout des prometteuses comme les tiennes, c’est vraiment essentiel. Et puis, rien ne t’empêche, en attendant la fin de tes études, de faire ton coming-out auprès d’amis et de vivre une relation amoureuse. Bien sûr, il y a le risque qu’ils finissent par apprendre par les bords mais ça ne reste qu’une possibilité.
Deuxième option, le dire. Cette option te donne la satisfaction de pouvoir vivre plus ouvertement ton homosexualité. Cela t’apporterait sans-doute un grand soulagement. Par contre, tu dois t’attendre à une réaction initiale de rejet qui te causera un autre type de douleur. Le coming-out n’est pas toujours le remède miracle à toutes les difficultés reliées à l’homosexualité. Qu’est-ce qui te donne cette perception de la mentalité conservatrice de ta famille? Ont-ils vraiment dit qu’ils expulseraient un enfant gai ou as tu déduit ça de leur attitude générale? Tu sais, souvent, on a tendance à surestimer l’homophobie chez les gens. Parfois, on fait son coming-out en étant certain d’être rejeté à jamais, et puis c’est le contraire qui se passe, la personne fait des efforts pour comprendre et finit par devenir une alliée. Mais pour passer de cet extrême à l’autre, ça prend de grands efforts, de la patience, de l’amour et de la compréhension, de la part des deux parties. Si ta famille, même si elle est homophobe, possède ces valeurs de base, tu as de bonne chances que ton coming-out n’ait pas de répercussions fâcheuses à moyen et long terme. Continue de tester le eaux en faisant des allusions, par exemple en te prononçant fortement en faveur de la loi sur le mariage de même sexe et en débattant avec eux. Ça ne t’obligera pas à faire ton coming out mais ça te permettra de t’affirmer et de tester les eaux avant d’aller plus loin.
D’ici à ce que tu prennes la décision majeure de faire ton coming out, il y a une foule d’actions que tu peux faire pour t’y préparer. Discute avec d’autre étudiants gais (il y a une asso LGBT à ton université?) afin d’avoir des trucs pour le coming out. Continue de travailler fort pour te donner une certaines indépendance financière. Tu as déjà quelques mois de coussin, ça pourrait déjà être assez de temps pour que tes parents se fassent à l’idée et révisent leur décision de te couper les vivre. Il n’est même pas certain que c’est la décision qu’ils vont prendre. Même s’ils n’approuvent pas ton orientation sexuelle, ils vont peut-être choisir de continuer à te soutenir parce que tu es leur fils et qu’ils t’aiment, point. C’est souvent ce qui arrive tu sais? L’amour parent-enfance est une grande boîte à surprise!
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