30 mars 2020

Je ressens une forte anxiété à l'idée d'être gay. Que faire?

Bonjours
Je suis un ado de 19 ans je ressens de fortes anxiétés à l’idée d’etre gay surtout le soir avant de dormir. je me pose des questions toute la journée je me teste en regardant d’autre homme pour savoir si je ressent quelques chose. Je me suis toujours imaginé avec une femme, fantasmer sur les femmes. Mais j’ai toujours eux cette angoisse même petit quand je voyais des personnes gay dans mon entourage car je ne voulais pas être comme eux . J’ai peur de découvrir une homosexualités refoulée que je ne veux pas assumer et me dire que je me suis menti tout ma vie. Des fois c’est question disparaissent et je retrouve mon envie d’etre avec une femme et je me dit que les questions que je me pose sont stupides . Je lis plein d’article sur internet se qui m’embrouille encore plus. Je n’ai aucun intérêt pour les hommes certain parfois j’aimerais leur ressembler ou avoir la même vie qu’eux mais c’Est tout jamais une quelconque attirance physique . Mais avec c’est questionnement permanent et de lire des articles personne qui on découvert leur homosexualités tard cela m’embrouille.j’ai l’impression de toujours avoir eux le doute et sa me stress encore plus
Voilà c’ La première fois que je dis
Merci de bien vouloir m’aider
Baptiste

Marie-Édith Vigneau
Salut Baptiste, merci d’écrire à AlterHéros !
Tu expliques être très anxieux en lien avec ton orientation sexuelle, que l’idée d’être gay te hante même si tu t’es toujours imaginé avec une femme et que tu n’as aucun intérêt pour les femmes. Tu es loin d’être le seul dans cette situation, nous recevons un fort volume de messages à ce sujet. C’est normal d’être anxieux, surtout en cette période particulièrement difficile que nous traversons partout sur la planète. Je veux prendre un moment pour te dire que tes questionnements sont valides, et tu trouveras peut-être ça étrange, mais j’aimerais te féliciter, parce que tu te permets de te poser des questions. C’est une capacité fantastique que tu as !
 
Il est vrai que certaines personnes découvrent leur homosexualité plus tard dans leur vie. Est-ce que cela signifie qu’elles se sont menties pendant tout ce temps ? Très rarement. Certaines personnes savent pertinemment qu’elles sont homosexuelles ou bisexuelles mais n’ont pas la possibilité de faire leur coming-out (révéler leur orientation sexuelle à leur proches) pour des questions de sécurité, par exemple, et choisissent de passer leur vie avec une personne d’un autre genre en sachant très bien qu’elles ne sont pas hétérosexuelles. D’autres vivent une vie agréable en couple hétérosexuel, puis tombent amoureux d’une personne du même genre un jour et choisissent l’étiquette «homosexuel.le» pour se définir. Tu comprends ?
 
Dans ton cas, une chose m’apparaît presque sûre: tu n’es pas gay. Je ne veux pas te dire cela pour te rassurer. Il n’y a rien de mal à être gay. Je te le dis puisque la définition (rapide et simpliste, mais quand même!) d’un homme gay, c’est un homme qui est attiré par d’autres hommes seulement… et tu dis avoir toujours été attiré par les femmes, fantasmer sur les femmes, n’avoir aucune attirance physique pour les hommes, aucun intérêt pour les hommes. Ça me semble très, très clair.
 
Maintenant, d’où vient cette peur d’être gay ? Tu dis avoir vu des personnes homosexuelles dans leur entourage quand tu étais petit et te souvenir que tu ne voulais pas être comme elles. Je me permets de te poser une question : comment as-tu su qu’il s’agissait de personnes homosexuelles ? C’est impossible d’en être sûr.e à 100% à moins que ces personnes ne te l’aient dit. Il serait faux de croire qu’on peut reconnaître l’orientation sexuelle d’une personne en la regardant. Souvent, on croit que c’est possible parce qu’on se base sur des stéréotypes. Oui, il y a des hommes gais qui ont une expression de genre plus traditionnellement féminine. Mais il y a aussi des hommes gais qui ont une apparence traditionnellement masculine. Seulement, on les remarque moins parce qu’on est porté.e.s à se fier aux clichés… et même si une personne est en couple avec une autre personne du même genre, ce n’est pas un signe d’homosexualité, puisqu’elle est peut-être bisexuelle, aussi !
Je me permets de te partager la réponse de mon collègue Guillaume a envoyée à quelqu’un qui se posait des questions similaires aux tiennes. En voici un extrait que je trouve particulièrement pertinent pour toi: «Tu dis avoir peur d’être homosexuel. Qu’est-ce qui te fait peur exactement? Quelle est ton opinion de l’homosexualité, de la bisexualité ou de l’hétérosexualité? Est-ce qu’il y a en une qui te semble meilleure qu’une autre? Pourquoi?
 
Nous vivons malheureusement dans des sociétés qui nous dictent dès le jeune âge que tout le monde est hétéro. Dans ce contexte, si nous expérimentons des désirs, des comportements ou des identités allant à l’encontre de ce standard hétérosexuel, il est possible de vivre une certaine stigmatisation et un certain stress à naviguer certaines orientations sexuelles qui sont parfois mal vues. L’objectif est donc d’entrevoir la diversité sexuelle comme quelque chose de positif pour l’ensemble de notre société et d’émancipateur pour les personnes concernées, et ce, peu importe comment toi tu souhaites te définir par rapport à ta sexualité.» On peut donc dire que si tu vis cette anxiété, c’est probablement parce que le simple fait de te questionner dépasse la ligne du (faux) «standard hétérosexuel» qui nous est constamment martelé… alors que pourtant, on ne devrait pas se sentir mal ou stressé de se poser des questions, ou encore de ne pas être hétéro.
 
Je t’invite aussi à lire cette réponse à la question «J’aimerais arrêter de constamment vérifier si je suis gay» : «Souviens-toi que quoi qu’il en soit, on n’arrête pas d’être attiré par les personnes d’un genre ou d’un autre. Il se peut qu’au fil de ta réflexion, tu en arrives à voir l’attirance envers les hommes comme quelque chose de moins effrayant et que tu réalises que tu éprouves une telle attirance, ou encore que tu n’as aucune attirance envers eux. Dans tous les cas, tu n’arrêteras pas d’être attiré par les femmes – on ne choisit pas l’un ou l’autre, d’abord parce que l’orientation sexuelle n’est pas quelque chose que l’on choisit, et aussi parce qu’il existe une variété infinie de nuances en matière d’orientations sexuelles et romantiques.»
 
C’est normal de regarder certaines personnes et de vouloir leur ressembler. Il est vrai que des fois, on est confus.e entre l’attirance et l’admiration. Parfois, les deux s’entremêlent. C’est correct ! On apprend à mieux se connaître, à comprendre nos désirs et ambitions pour l’avenir, on se trouve des modèles… tout cela est très sain, tu sais ? Ce qui est désagréable dans tout ça, c’est l’anxiété que ça te cause. Je suis rassurée de lire que malgré tes pensées anxiogènes, tu réussis à dormir ! Que dirais-tu de cesser de lire des articles comme ceux que tu lis souvent ces temps-ci en lien avec l’homosexualité ? Non seulement ils font augmenter ton anxiété et créer des spirales de questionnements comme tu le mentionnes déjà, tu lis probablement du contenu qui n’est pas de grande qualité. Pas parce que je n’ai pas confiance en ta capacité de trouver de l’information fiable, mais parce que j’ai essayé de trouver des articles qui pourraient t’aider et la grande majorité des choses que j’ai lues sont malheureusement bourrées de stéréotypes, de clichés et de faussetés…
 
Je te laisse sur un extrait d’une réponse de ma collègue Ophélie qui concerne l’anxiété («Aidez-moi à arrêter de me questionner car je sais que je suis hétéro!»): « Tu pourrais discuter de tes inquiétudes avec une (des) personne(s) de confiance, ou même simplement les écrire dans un journal. Parfois, le simple fait d’exprimer nos inquiétudes peut nous aider à mieux comprendre ce que l’on ressent et à prendre une certaine distance avec la situation. Si ces méthodes ne t’interpellent pas, je te suggère d’adopter des méthodes de gestion du stress comme la relaxation ou le sport lorsque tes angoisses surgissent. Si tes inquiétudes deviennent trop envahissantes et qu’elles génèrent une trop grande détresse chez toi, je t’invite à te confier à un psychologue. Parfois, quelques séances suffisent pour mettre de l’ordre dans nos idées. »
J’espère le tout aidant, Baptiste. N’hésite pas à nous écrire à nouveau si tu en ressens le besoin.
Bon courage,
Marie-Édith, B.A. sexologie, pour AlterHéros

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