Je pense que je pourrais être autiste

J ai des problèmes relationnées au stimuli sensoriel (lumières, bruits spécifiquement), j ai aussi des troubles pour me relationner avec les autres (je ne sais pas vraiment quelles sont les étapes pour devenir ami de quelqu un, je ne suis pas exellent pour faire du contact visuel… ect). J ai aussi des intérets particuliers que les autres personnes semblent trouver peu intéresants (comme les insectes, j ai eu comme animal de compagnie une mante religieuse quand j étais enfant, aussi j adore la philosophie et la biologie en géneral… ect). Par contre, moi et mon père on est très similaires. Je préfére passer du temps avec lui qu avec personne d autre. Je trouve que on se comprend assez bien. Lui aussi adore les mêmes trucs que moi.

Je sais que vous ne pouvez pas me diagnostiquer, mais vous pensez que je devrai aller prendre un test de l autisme? merci beaucoup.

Mégane

Bonjour Ezra,

J’espère que tu vas bien ! Je commence par te remercier de nous accorder ta confiance dans tes questionnements sur la neurodiversité. Comme tu l’as si bien mentionné, on ne peut pas faire de diagnostic au niveau du trouble du spectre de l’autisme. On t’invite donc à consulter un.e professionnel.le de la santé.

Je crois comprendre que tu te demandes si tu devrais faire les évaluations afin de savoir si tu as ce diagnostic. Pour ton information, il y a différentes façons de faire les évaluations et sache qu’à 14 ans, tu es légalement autorisé·e à prendre des décisions/entreprendre des démarches pour ta santé sans avertir tes parents si c’est ton désir, bien que je t’encourage à leurs en parler si tu te sens en confiance avec elleux.

Tu peux par exemple prendre un rendez-vous avec ton médecin de famille, si tu en as un·e, afin qu’iels explorent avec toi les enjeux que tu vis et les traits du diagnostic du trouble du spectre de l’autisme. Si tu n’as pas de médecin de famille, il existe le GAP (guichet d’accès à la première ligne) qui donne accès à un·e médecin de famille à celleux qui n’en ont pas. Pour y avoir accès tu appel au 811, option 3, de 8 h à 20 h du lundi au vendredi et de 8 h à 16 h la fin de semaine et les jours fériés.

Le diagnostic du spectre de l’autisme comprend le mot « spectre » à l’intérieur, ce qui signifie que cela englobe une multitude de profils différents. Il est donc possible que ton·ta médecin de famille te réfère à une évaluation complémentaire en neuropsychologie ou en psychiatrie si iel n’est pas certain·e du diagnostic. Toutes ces options sont gratuites dans le service de santé public, mais je ne te cacherais pas que les délais peuvent être assez longs selon la région dans laquelle tu es, les professionnel·les disponibles, les listes d’attente, etc.

Pour toutes ces raisons, certaines personnes préfèrent se tourner vers le privé pour une évaluation en neuropsychologie d’emblée. Ces cliniques ne sont pas toujours couvertes par la RAMQ (ce qui signifie que le gouvernement ne paie pas les frais d’évaluation) et donc, elles sont assez dispendieuses (je n’ai pas un nombre exact, mais cela se situe dans les milles dollars). Il faudrait donc en discuter avec tes parents si c’est une option envisageable avec elleux.

Le site Autisme Montréal est une très belle ressource pour en apprendre plus sur comment naviguer dans les étapes du diagnostic.

Ensuite, il est intéressant de se questionner sur l’origine de ce désir d’entreprendre des démarches pour ce diagnostic. Les différents aspects que tu nommes, comme les intérêts particuliers et les stimuli sensoriels, est-ce que cela te dérange dans ton quotidien ? Est-ce que tu as l’impression que cela dérange plutôt les autres ? Tu dis partager plusieurs points avec ton père et bien t’entendre avec lui, est-ce que tu as l’impression qu’il pourrait avoir des traits lui aussi ? Qu’est-ce qu’il en pense?

Qu’est-ce que tu penses que cela t’apporterait d’avoir ce diagnostic ? Comment réagirais-tu si, au bout des démarches, au contraire, cela s’avérait négatif ? Penserais-tu être déçu·e ou bien soulagé·e ? Parfois, on peut vivre certaines difficultés — tu as mentionné avoir de la difficulté à décoder certains codes sociaux, si j’ai bien compris — et avoir un diagnostic nous aide à ce que les autres reconnaissent et comprennent d’où vient notre difficulté.

Avoir un diagnostic peut aussi nous aider à identifier des pistes de solutions qui ont aidé d’autres personnes avec des difficultés similaires. Dans ce cas de figure, le diagnostic peut nous apporter une forme de soulagement, car il peut permettre de mettre des mots sur notre expérience.

Toutefois, on peut se dire à l’inverse que de faire les démarches et ne pas avoir le diagnostic pourrait invalider, d’une certaine façon, nos difficultés. C’est pourquoi je trouve important de mentionner que certaines personnes peuvent avoir certains traits du trouble du spectre de l’autisme sans avoir le trouble en soi. Iels peuvent également ne pas avoir de traits du TSA, mais avoir des difficultés au niveau relationnel, qui ne sont pas nécessairement les mêmes enjeux qu’une personne avec un TSA, mais qui sont tout de même présents et qui créent une souffrance. Dans ce cas de figure, il serait tout aussi important d’aider la personne avec ses difficultés.

Où je veux en venir, c’est que si tu penses que cela peut t’aider à mieux te comprendre de réaliser ces démarches diagnostiques, je t’encourage à les faire.

Mais peu importe la réponse, je crois qu’il est important de se rappeler qu’on a le droit d’avoir des difficultés et des enjeux dans différentes sphères de notre vie, qu’elles soient ou non en lien avec un diagnostic. On a toustes des forces et des points où l’on aimerait s’améliorer, et c’est normal. Une fois que ces points sont identifiés, eh bien, je crois que c’est à ce moment que cela devient intéressant, car on peut chercher différentes façons de mieux les apprivoiser.

J’espère que cela a pu t’aider, et si tu as d’autres questions ou que tu désires en discuter davantage, n’hésite pas !

Mégane Gravel (elle/la)