Je n'ai pas d'amies et je trouve ça très plate de vivre seule!
Bonjour, je suis lesbienne, je n’ai pas d’amies et je trouve ça très plate de vivre seule, avec tout le monde sur dos. Je ne sors pas, je reste chez-nous et je pleure. Je ne parle pas de ce que je vis et personne ne m’accepte comme je suis. J’aimerais vivre heureuse et bien, mais je n’y arrive pas. J’aimerais mieux mourir que vivre avec ça, je suis tanné de la vie et je suis découragée. Je ne sais pas comment dire ça. J’aimerais appeler Gai Écoute, mais je sais que je vais pleurer au téléphone. J’ai beaucoup de problèmes et j’aimerais que quelqu’un puisse m’aider. – Mélanie
Bonjour Mélanie! Nous sommes très heureux que tu aies trouvé notre site Internet et avoir pris le courage de nous avoir écrit ce courriel. C’est un premier pas et tu devrais être fière! Il peut être parfois difficile d’avoir l’humilité de se tourner vers de l’aide quand on sent qu’on en a besoin. Tu frappes à la bonne porte et nous allons tenter de t’aider.
Premièrement, nous te félicitons d’avoir réussi à identifier ton orientation sexuelle. Tu dis t’identifier comme lesbienne et c’est très bien comme ça. Bien qu’actuellement, tu vives des difficultés qui sont en partie reliées à ton orientation sexuelle, sache qu’il est très possible de vivre heureuse et lesbienne. Ici, nous connaissons plusieurs filles qui ont réussi à surmonter des obstacles qui croyaient impossible et aujourd’hui, elles sont bien. Quand on se découvre lesbienne, on a comme réflexe de vouloir cacher ce côté de soi par honte. C’est que nous vivons encore dans une société où il est mal vu d’être différent des autres. Mais rassures-toi Mélanie, c’est très correct d’être lesbienne. Après tout, on ne choisit pas la couleur de ses cheveux, d’être gaucher ou droitier, lesbienne ou hétérosexuelle. La sexualité est quelque chose de personnel qui fait partie de ce que nous sommes. Ton orientation sexuelle est à toi, personne ne la choisi, et personne ne peut la choisir pour toi. Ce sont des attirances physiques, sexuelles et émotionnelles que nous ressentons à l’intérieure de soi. Savais-tu que selon des recherches scientifiques, l’homosexualité existe dans toutes populations sur la planète et même chez la plupart des mammifères? Ça fait donc partie de la vie. Et puis, tu n’es pas obligé d’en parler avec qui que ce soit pour l’instant. Être lesbienne n’est pas écrit dans ton visage, personne ne peut dire que tu l’es car seule toi peut choisir l’étiquette que tu décides de t’apposer.
Composer avec sa différence n’est pas une tâche facile, d’autant plus si tu n’as pas d’ami.es avec qui en parler ou si tu ne trouves pas les mots pour en parler. C’est donc une période qui pour plusieurs est très difficile. Mélanie, accroche-toi à la vie. Tu ne seras pas toujours seule et les choses vont changer. Aie confiance en la vie. Elle nous réserve toujours des surprises. Actuellement, tu te sens seule et démunie, mais nous sommes certains que des jours meilleurs sont à venir pour toi. En ce qui concerne ton entourage, il est possible qu’il y ait des préjugés défavorables face aux personnes homosexuelles. Cela ne devrait pas te décourager pour autant. La vie que l’on mène et les choix que l’on fait ne sont que les nôtres et jamais tu ne rencontrera au cours de ta vie des gens à 100% d’accord avec qui tu es: autant sur le plan professionnel que personnel. L’important c’est que tu t’assumes TOI et que tu vives en symbiose avec toi-même et ainsi tu dégageras une assurance qui ne saura qu’engendrer du respect de la part des gens qui t’entour. Nous ne sommes jamais à l’abris de préjugés ou de propos homophobes mais il faut savoir être assez fort pour en faire abstraction. Une personne qui a honte de qui elle est est une proie de choix pour les gens qui trouve plus facile de juger la différence plutôt que la comprendre et l’accepter, car ils sentent que cette personne n’est pas en mesure de se défendre psychologiquement.
Être homosexuelle quand on est jeune est très difficile, déjà qu’à l’adolescence on grandit et apprend à être une personne avec sa propre personnalité. On tente de se fondre parmi les autres, et quand on voit qu’on est différent, à cause de son orientation sexuelle, son origine culturelle ou un handicap, des fois, on se bloque. Quand on est jeune, surtout au secondaire, nous avons moins de contrôle sur nos vies : nous devons écouter nos parents ou nos gardiens, nous devons aller à l’école, etc. Quand on se sent seule, c’est particulièrement difficile et pénible. Mais ce que tu fais pendant tes moments libres est habituellement à toi de décider… Pour l’instant, il est important que tu concentres sur les choses qui pourraient te permettre de te sentir un peu mieux, un jour à la fois. As-tu visité notre section « témoignages »? Tu verras que tu n’es pas seule et que plusieurs jeunes filles sont dans la même situation que toi. Connais-tu les réseaux de clavardage (chat) sur Internet? Tu peux contacter Interligne via la plateforme de clavardage si tu préfères cela au téléphone. Par contre, rester devant son ordinateur ne t’aidera pas à surmonter toutes tes difficultés.
Je t’invite à chercher de l’aide dans des ressources près de chez toi. Connais-tu la maison de jeune de son quartier? Souvent, il y a un ou une intervenante sur place avec qui tu pourrais parler. Tu n’as pas obligé de tout expliquer mais simplement de parler un peu. Dans ta question, tu ne mentionnes pas quand quel coin tu résides. Savais-tu qu’il existe plusieurs groupes pour jeunes gais et lesbiennes un peu partout au Québec? Bien que ça te demande du courage pour aller faire un tour, c’est un acte de courage que tu ne regretteras pas. Plutôt que de te présenter directement, tu peux envoyer un courriel aux jeunes qui s’occupent du groupe (comme Jeunesse Lambda à Montréal, GRIS-Québec à Québec, JAG à St-Hyacinthe, etc) avant et demander de les rencontrer avant. Si tu ne trouves rien dans ta région, tu peux contacter le CLSC de la région, il y a des professionnels, comme des infirmières et des intervenants qui pourront t’acheminer vers des ressources. Il ne faut pas avoir peur, il faut foncer. Tu as le droit de vivre une vie heureuse et personne ne pourra t’en empêcher. Si contacter un groupe jeunesse ou ton CLSC te semble trop difficile, peut-être pourrais-tu envisager de parler avec un professeur de ton école?
Tu as mentionné que tu aimerais appeler à Interligne mais que tu allais sûrement pleuré au téléphone. Ça fait du bien de pleurer et les gens d’Interligne le savent aussi. Alors il ne faut pas être gênée. Avant d’appeler, ça peut être utile de mettre par écrit les choses, ou les problèmes que tu aimerais discuter ou simplement dire au téléphone. Quand on appelle au début, on est gêné.e, on a envie de pleurer et nos idées deviennent toutes floues. Si tu mets sur papier une liste des éléments que tu aimerais dire, ça pourrait t’aider. Interligne est gratuit, confidentiel et il n’y a pas de frais d’interurbains si tu appelles de l’extérieur au numéro sans frais 1-888-505-1010.
Essaie de t’entourer de personnes qui pourront te soutenir, des gens en qui tu as confiance et qui te font du bien. N’aie pas peur de demander de l’aide pour t’accompagner dans ses moments difficiles.
Bon courage Mélanie!
Équipe AlterHéros