Je n'adhère pas au modèle binaire des genres, mais je veux des hormones.
J’ai 17 ans et je me demandais si, au Québec, les psychologues/psychiatres exigent de faire la RLE (Real Life Experience) chez les personnes trans pour que celles-ci puissent avoir accès aux hormones ? Voilà, je me considère comme étant ftm (pré-t, pré-op), sans pour autant m’identifier dans le système binaire des genres actuel. Je n’éprouve pas de dysphorie en tant que tel concernant mon statut sociale de femme, même si je préfèrerais physiquement être un homme. Je me demandais également à quel âge peut-on subir une thérapie hormonale (HRT) et est-ce que n’importe lequel psy peut suivre un parcours trans (lettre hormones, chirurgie, changement de nom, etc.) ?
J’ai 17 ans et je me demandais si, au Québec, les psychologues/psychiatres exigent de faire la RLE (Real Life Experience) chez les personnes trans pour que celles-ci puissent avoir accès aux hormones ? Voilà, je me considère comme étant ftm (pré-t, pré-op), sans pour autant m’identifier dans le système binaire des genres actuel. Je n’éprouve pas de dysphorie en tant que tel concernant mon statut sociale de femme, même si je préfèrerais physiquement être un homme. Je me demandais également à quel âge peut-on subir une thérapie hormonale (HRT) et est-ce que n’importe lequel psy peut suivre un parcours trans (lettre hormones, chirurgie, changement de nom, etc.) ?
Mik
Bonjour Mik!
Merci de ta confiance. Tes questions sont très claires et je crois pouvoir t’éclairer un peu, mais tu auras également à réfléchir toi-même car bien entendu, il y a seulement toi qui peut savoir ce qui est le mieux pour toi. En bref, tu t’interroges sur le processus pour obtenir des hormones, en partant du fait que tu ne t’identifies pas vraiment dans la binarité des genres. Socialement, homme ou femme ne fait pas trop de différence pour toi, mais tu souhaites malgré tout vivre dans un corps d’homme.
La plupart des spécialistes suivent à peu près les consignes données par les Standards of Care (SOC), un document créé par l’organisme international WPATH. Or, ce document est un protocole de traitement pour les personnes transsexuelles, et ne parle pas beaucoup des personne vivant hors de la binarité de genre. Qu’est-ce qu’une personne transsexuelle? C’est une personne dont l’identité intérieure ne correspond pas au sexe qu’on lui a attribué à la naissance. Cette discordance a de nombreuses conséquences fâcheuses sur elle, et l’amènera éventuellement à faire une transition, c’est à dire faire les changements médicaux, sociaux et légaux pour être reconnue à temps plein dans le sexe auquel elle s’identifie.
Pour pouvoir avoir accès aux hormones, selon les SOC, la personne transsexuelle doit obtenir une lettre d’évaluation d’un psychiatre, psychologue ou sexologue. Elle n’a pas à avoir commencé à vivre une « RLE », mais elle doit démontrer que c’est son intention de le faire éventuellement. N’importe quel psy peut faire la lettre, mais en général seuls ceux qui ont une expérience dans le domaine accepteront de le faire, et ils sont peu. La règle générale, c’est d’y aller avec quelqu’un qui a bonne réputation dans la communauté trans… tu éviteras de perdre argent et temps sur des gens qui n’y connaissent rien ou qui sont de mauvaise foi. Contacte l’ATQ. Ils ont une liste de spécialistes selon les régions du Québec.
Aussi, sache que ce ne sont pas tous les spécialistes qui suivent les SOC. Par exemple, la clinique Head and Hands de Montréal offre un plan de traitement pour personnes trans, basé sur des valeurs de libre-choix. Je sais qu’ils sont ouvert à travailler avec les personnes transgenre, mais il faut signer une décharge où tu les libères de toute responsabilité en cas de regret. Leur liste d’attente est plutôt longue et je crois qu’il faut avoir 18 ans, mais ça c’est le cas partout de toute façon. Patience!
Ce qui nous emmène à parler ton cas. Tu désires être physiquement un homme, mais ton statut de femme ne te dérange pas. Tu n’adhères pas au système binaire des genres. Toutefois, la société y adhère sans l’ombre d’un doute. Et quand la testostérone aura fait son effet – et elle le fera assez vite crois-moi! – la société t’attribuera, que tu le veuilles ou non, le statut social d’homme. Les gens verront ta barbe, entendront ta voix, et la lumière « homme » s’allumera dans leur cerveau. Ce qui t’amènera peut-être, ne serait-ce que pour des raisons pratiques, à effectuer des changement d’ordre sociaux comme utiliser un nom et des pronoms masculins.
Tu te retrouves donc devant un choix face aux hormones. Identitairement, tu peux t’affirmer comme étant hors de la binarité, aucun problème par rapport à ça. Mais dans tes interactions avec la société, tu dois prévoir les conséquences majeures de la testostérone et déterminer si c’est souhaitable pour toi d’être considéré comme un homme, pour le reste de tes jours. La société a peu de flexibilité face au genre, malheureusement. Si tu préfères cette éventualité à ce qui prévaut actuellement dans ta vie, si tu acceptes d’être vu comme homme, alors je crois que tu n’auras probablement pas de difficulté à obtenir une lettre de recommandation d’un psy. Par contre, si tu as des doutes par rapport à ces questions, si tu as des attaches à ton identité de femme, il est probable que le psy ou le médecin prenne plus de temps avec toi, pour s’assurer que tu prends la bonne décision.
Je te laisse y penser. N’hésite pas à nous réécrire si tu as d’autres questions!