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27 mai 2025

Je me demande si j'ai un TDAH

Bonjour,

Je suis en ce moment en plein questionnement sur un possible TDAH. Ma copine m’a déjà dit qu’elle pensait que j’avais un TDAH, à chaque fois je lui disais que non, que je ne pouvais pas avoir ça. Mais, il y a environ 2 semaines, elle m’en a parlé de nouveau, et, cette fois j’ai accepté qu’on fasse des tests sur internet “pour rire”. Et, je me suis reconnue dans pratiquement tout ce qui était dit et j’ai eu des résultats élevés. Suite à ça, j’ai continué à faire des recherches, beaucoup de recherches, à écouter plusieurs épisodes de podcast, à aller sur un serveur discord TDAH et même à questionner mes proches là dessus. J’ai l’impression que ça pourrait expliquer tellement de choses de ma vie.
Quand j’étais petite, j’étais vraiment “dans mon monde”, comme si je ne faisais absolument pas attention aux personnes autour de moi. Maternelle, je n’avais pas d’amis et je ne me rappelle pas que ça me dérangeait tant que ça, je prenais un vélo et je faisais des tours en rond dans la cour, en me perdant dans mes pensées et en m’imaginant pleins de choses. Les autres choses dont je me rappelle c’est qu’il y avait un jeu de société dans la classe et en récompense pour les gagnants, il y avait un panier avec des boites de smarties. Pendant une période, à chaque récréation, je sortais pour en prendre une et j’enterrais les boites dans le sable, un jour la maîtresse a remarqué que les boîtes diminuait, elle nous en a parlé, je ne me suis jamais dénoncée et j’ai arrêté d’en prendre. De même, un jour j’avais volé un gel antibactérien dans une pharmacie car ma grand-mère ne voulait pas me l’acheter, et, j’ai aussi volé des pièces qui étaient dans un bol chez un ami à mon père. Autre souvenir qui me revient de la maternelle, c’est un jour où j’étais en classe, j’ai posé mon oreille contre le bureau, et, quand je frappais ma main sur le bureau, ça résonnait à l’intérieur, alors je me suis mise à frapper de plus en plus fort, la maitresse me disait d’arrêter mais je n’avais pas entendu je crois, ou je n’avais pas fais attention. J’ai été punie, elle m’a mise au coin dans une autre classe.
Autre chose à savoir, c’est ma grand mère qui m’a principalement élevée et depuis que je suis petite, j’ai toujours eu une peur obsessionnelle qu’elle meurt, je sais pas si c’est qu’elle m’en a parlé dès que j’étais petite mais ça a toujours été là et ça me suit maintenant encore. Je me rappelle de moi en maternelle qui dit à la maîtresse en pleurant que je ne voulais pas grandir car ma grand-mère va vieillir. J’ai aussi eu une période où j’étais obsédée par ma propre mort et j’avais peur de mourir alors que j’étais une enfant, je passais mon temps à pleurer et allait extrêmement mal à cause de ça. Bref, je ne sais même pas si ça peut avoir un rapport avec un possible TDAH.
Ensuite, toute la primaire, je me prenais pour un chien, cela peut avoir l’air d’un simple jeu pour enfant mais ça ne s’arrêtait pas à la sortie de l’école, c’était tout le temps. J’étais dans mon monde où j’étais un chien sans jamais prêter attention à ce qui m’entourait et aux autres. Ma meilleure amie de cette époque avec qui je suis toujours en contact m’a dit que je me roulais au sol, que j’aboyais et que même elle faisait semblant de m’envoyer une balle imaginaire que j’allais chercher. Selon mon père, on allait ensemble au vide grenier tous les dimanches et il avait honte de moi parce que je marchais avec les mains repliés pour faire le chien, je pouvais me mettre à tirer la langue, prendre des bâtons dans ma bouche…Il me disait d’arrêter, d’être normale parce qu’il voyait que les gens autour me regardaient mais moi j’écoutais pas, j’étais dans mon monde. Je mettais aussi des bâtons dans ma bouche à l’école, les maîtresses me disaient d’arrêter, même en classe quand il fallait lever son ardoise pour des exercices, je mettais l’ardoise dans ma bouche pour la lever, ou encore je me souviens d’une photo où j’avais la tête légèrement penché pour imiter un chien. C’était comme si ce “roleplay” ne s’arrêtait jamais. Autre évènement marquant, pendant une période je ne voulais plus aller à l’école. Une fille m’avait proposé d’aller chez elle après l’école, elle a parlé à ma grand-mère et m’a dit que c’était ok. J’étais paniquée, à cette époque c’était impossible pour moi d’aller chez des gens sans ma grand-mère. J’ai fait une crise de larmes, on a appelé mes parents pour me ramener chez moi. Les jours suivants, tous les matins je pleurais aussi car je ne voulais pas aller à l’école, alors on appelait mes parents et je rentrais chez moi. Un jour, j’ai pleuré, comme tous les matins, mais la maîtresse m’a dit “j’ai compris ton petit jeu, pleurer pour rentrer chez toi, aujourd’hui ça ne fonctionnera pas”. Quand elle m’a dit ça, j’ai pété un cable, elle m’a mise en classe avec les autres, alors j’ai fais exprès de pleurer le plus fort possible, elle a essayait de me faire faire du coloriage, de lire des livres mais rien ne fonctionnait, je pleurais. J’ai fait semblant que le midi, j’allais aller manger chez moi, j’ai menti et je comptais rentrer seule à pied, mais j’ai fini par avouer ou la maîtresse a deviné, je ne sais plus. Et, un moment j’ai commencé à crier “passez-moi un couteau, je vais me suicider”. Je pense pas que j’aurais été capable de faire ça et je ne sais pas exactement pourquoi je l’ai dit. Evidemment, on m’a renvoyé chez moi, ma famille m’a dit d’arrêter mes crises en me menaçant :” si tu continues, on va t’enlever de notre garde, et tu nous reverras plus jamais”, l’école m’a envoyé voir le psy et, après deux séances, il a finit par me laisser partir en disant que je n’avais pas de problèmes. Par peur, j’ai arrêté mes crises.
Autre moment marquant de cette période, je me rappelle de violences que j’ai pu avoir, j’ai commencé à me battre avec ma meilleure amie par colère car elle a dit que si on se battait c’est elle qui gagnerait, j’ai eu des périodes de maltraitance envers un de mes cochons d’inde (dont j’ai extrêmement honte), j’ai eu de la violence envers moi même (me frapper la main contre des pierres), j’ai déjà frappé une amie qui avait déchiré une page de mon cahier, j’ai mordu une amie qui m’a énervé et j’ai aussi coincé la main d’un mec entre une porte.
Ensuite, au collège, j’ai dû arrêter de me prendre pour un chien, parce que l’environnement était beaucoup trop dans le jugement, c’est aussi à cette période où j’ai capté que j’avais un corps, comme si avant je n’ avais jamais trop fais attention. Les cours c’était dur, j’ai jamais écouté aucun cours pendant ma scolarité, et, je pensais que c’était normal et que tout le monde faisait ça. J’étais tout le temps dans mes pensées, tous les cours. Le matin avant d’aller en cours je m’imaginais une “moi 2” et je lui disais que c’est elle qui allait être présente dans tel ou tel cours. Je participais pas en cours, parce que j’étais pas là mentalement, j’ai toujours eu des notes correctes mais pas incroyables, juste assez pour que ça passe. Vu que j’écoutais rien en cours, j’apprenais tout par coeur la veille en recopiant le texte sur des feuilles, entourant les mots, en faisant des dessins ou alors en faisant semblant d’être professeur, en écrivant sur un tableau et en parlant. Au lycée, c’était un peu pareil, j’écoutais rien, j’apprenais au dernier moment, mais, ce qu’il y a eu de nouveau dans ma vie c’est l’amour. Pour résumer, j’ai eu une relation avec une fille, cette relation a été très toxique, je n’arrivais pas à savoir ce que je ressentais, poser mes limites et surtout quitter la relation. J’ai parlé avec une personne qui était mon amie à ce moment, et j’ai commencé à ressentir de l’attirance pour elle , des sentiments alors que j’étais en couple. J’étais perdue, je ne savais pas ce que je ressentais, j’ai blessé tout le monde et je ne savais pas ce que je voulais. C’est vraiment une des pires périodes de ma vie.
Les émotions, j’ai compris il n’y a pas si longtemps qu’elles étaient vraiment intenses. Dès qu’il se passe un truc dans ma vie, je perds totalement le contrôle, j’oublie tout ce qu’il y autour, les gens, mes rendez-vous, mon travail… Tout part, il n’y a que ça dans ma tête et je ne peux rien faire d’autre, j’ai besoin de régler le problème directement alors c’est comme ça que je suis tombée dans la mutilation et autre chose de ce genre. Aller mieux rapidement. J’ai l’impression que je fais des choix dans ma vie en fonction de mes émotions, pour ne pas être dans une “crise” où je sais que je n’aurais pas de contrôle. Je me sens très vite submergée par mes pensées, par les décisions et je suis en incapacité de faire quoi que ce soit, je suis bloquée. Je peux me retrouver à m’asseoir sur le trottoir au milieu de la rue et être au bout de ma vie. Quand je suis en “crise”, je peux me rouler au sol, me mettre à frapper (ce qu’il y a autour de moi, moi-même…), j’ai vraiment l’impression que c’est la fin du monde.
Je m’engage dans des activités, des sorties et j’ai tout envie d’annuler au dernier moment, je regrette ou je pars sans rien dire. Je me suis barré de ma prépa d’art l’année dernière sur un coup de tête, je suis partie pendant 1 semaine et heureusement les profs ont repris contact avec moi et j’y suis retournée. J’aurais tellement regretté d’être parti.
Je me sens constamment vide, j’ai besoin de choses qui me “donne envie de vivre” mais j’ai du mal à trouver et ça me rend folle. Quand j’étais petite, je disais tout le temps que je m’ennuyais et c’est un peu ça maintenant encore. J’ai envie de changer de vie tous les jours, d’être une autre personne, j’ai un peu envie de tout foutre en l’air h24. Je passe mon temps à planifier des projets et des voyages que je ne ferai jamais. Je parle seule, je me fais des scénarios de tout et n’importe quoi (des choses que j’entends, des objets que je vois…). Quand je parle avec des gens, surtout en groupe, j’ai des coupures dans les conversations. Je les écoute et je me perds dans mes pensées, puis je reviens et je pose des questions pour me raccrocher à la discussion. Soit personne ne le remarque, soit on me dit “mais on vient juste de le dire”, donc j’ai tout le temps l’air un peu perdue, bête et maladroite. Actuellement, je suis en étude aux beaux-arts, j’ai de la chance de faire des études qui sont principalement de la pratique, je commence pas mal de projet et j’ai pas mal d’idées qui vont jamais aboutir mais je m’en sors plutôt bien. On a seulement deux cours en amphi, et je sais que je passe mon temps sur mon téléphone ou dans mes pensées. J’ai des problèmes avec la nourriture, j’achète pas certains aliments car je sais que je ne pourrais pas m’empêcher de finir le paquet en une fois. Je gère mal mon argent car quand je veux un truc, je me l’achète sans trop réfléchir ou alors le fait que je vais mal est un prétexte pour l’acheter. Résultat, j’ai des problèmes d’argent et pourtant je continue à acheter sans contrôler ou réfléchir avant d’acheter.
Je me suis toujours considérée comme une personne bordélique, car j’ai toujours eu du mal avec le rangement. Je me suis dis que quand j’habiterai seule ça serait différent mais je n’y arrive pas, j’essaye de ranger et de me faire violence pour m’y mettre mais c’est vraiment dur alors que je ne me sens pas bien dans ce lieu désordonné et sale. J’ai toujours eu l’impression que ma chambre était aussi en bordel que ma tête. Enfin, je suis désorganisée, j’arrive souvent en retard, je me dépêche à me préparer, maintenant je note absolument tous les rendez vous et événements pour ne rien oublier mais ça m’arrive d’avoir plusieurs choses de prévus à la même heure ou le même jour, par erreur. Pour des voyages que je dois faire, je repousse pour prendre les billets pour le transport, ou alors je vais m’y mettre pour en prendre, et, au final, j’oublie et je me concentre sur autre chose, puis j’y repense. De même quand je suis en retard, souvent je me dépêche, puis je vais me mettre à me brosser les dents et oublier que je suis pressé, et m’en rappeler quelques secondes après. J’ai souvent des obsessions pour des sujets, des objets que je veux ou des choses que je veux faire. En général ça finit par partir, je finis par m’en lasser ou alors quand j’ai l’objet, je ne m’y intéresse plus.
Enfin, sans trop m’étaler car le message est déjà très long,je soupçonne mon père d’avoir un TDAH. Il faut savoir qu’il a été adopté donc j’ai très peu d’infos sur sa famille biologique. Ma grand-mère (qui l’a adoptée), m’a dit que quand il était petit, elle l’a emmené voir un médecin et il a dit que le fait que certains de ses doigts ne peuvent pas bouger vient surement que sa mère biologique était alcoolique ou droguée. Et, je pense qu’il a aussi des traits physiques au visage qui correspondent. Il a donc peut-être un syndrome d’alcoolisation foetale (qui n’a jamais été diagnostiqué) qui pourrait aussi expliquer son comportement. Honnêtement ça se voit direct que mon père a un problème, n’importe qui pourrait le voir, il écoute quasiment rien, il oublie tout, il réfléchit jamais avant de parler, il gère mal son argent et achète toujours des choses inutiles, il m’a déjà mit dans des situations dangereuses car il n’a pas réfléchi, à l’école il était dans une classe pour “enfant avec des difficultés scolaires”, il gère pas ses émotions et passe son temps à crier, exploser, il tape des objets… Bref la liste est longue, il est diagnostiqué dyslexique par contre (et encore, il l’a su très tard).
On se ressemble sur beaucoup de points, on a déjà eu des obsessions en même temps, ensemble sur des choses qu’on a vite abandonné (faire du géocaching, piloter un drone…).
Bref, je pense vraiment avoir oublié plein de choses, j’en ai beaucoup à dire, j’arrive pas à gérer ma vie. Je me demande vraiment si c’est un TDAH ou pas, j’ai regardé des psychiatres qui diagnostiquent dans ma ville. Mais je me dis qu’il est préférable d’attendre pour un rendez-vous sachant que ça fait seulement 2 semaines que je me pose des questions et que j’ai tendance à vite me précipiter.
Merci beaucoup pour votre lecture.

Mélo

Salut Tsika,

Merci d’avoir partagé cela avec l’équipe d’AlterHéros. Ce que tu racontes montre que tu as pris beaucoup de temps pour explorer ce que tu vis, ce que tu ressens, ce que tu as vécu… C’est déjà une grande force que d’oser regarder en face toutes ces expériences, surtout quand elles sont aussi marquantes. Avant toute chose, j’aimerais te signifier que je n’ai pas les compétences pour poser un diagnostic et j’en connais très peu sur les TDAH, mais j’ai fait quelques recherches pour pouvoir répondre du mieux que je peux à ta question.

Ce que tu as écrit dans ton message peut effectivement faire penser à un TDAH, surtout dans sa forme dite « inattentive » ou mixte, qui est souvent sous-diagnostiquée chez les filles ou les personnes socialisées comme filles. Mais il y a aussi des éléments qui dépassent ou complètent le TDAH. Tu décris tes angoisses très jeunes autour de la mort, tes émotions qui explosent, ta difficulté à poser tes limites en amour, ta sensation de vide, ta difficulté à rester dans une activité ou un engagement… Ce sont des aspects qui pourraient aussi évoquer d’autres éléments psychologiques, comme un trouble de l’attachement, une personnalité borderline, ou simplement les conséquences d’une grande sensibilité émotionnelle qui n’a pas été accompagnée comme elle aurait dû l’être.

Je ne suis pas là pour te dire « tu es ceci » ou « tu as cela », car seul un·e professionnel·le de la santé mentale peut poser un diagnostic adapté à travers un processus d’évaluation complet. Mais ce que je peux te dire avec certitude, c’est que, non, tu n’es pas « folle ». Tu as vécu plusieurs évènements très intenses, tu ressens les émotions de manière vive et tu as développé des manières de survivre comme tu as pu à travers tout ça.

Tu as déjà fait une grosse partie du chemin en te posant ces questions. Maintenant ce serait précieux que quelqu’un·e t’aide à démêler tout ça dans un cadre sécurisant et sans jugement. Tu parles avec honnêteté de comportements que tu regrettes (violence, maltraitance d’un animal, etc.) et ça montre que tu en as conscience, que tu ressens de l’empathie et que tu veux évoluer. Personne n’est parfait·e. L’important est de reconnaître nos tords et de travailler à ne plus les reproduire. Tu n’as pas à porter ça seul·e. Les crises, les angoisses, les impulsions, les choix en réaction aux émotions… Ce sont des choses qu’on peut apprendre à comprendre, à apprivoiser, et avec du soutien, on peut reprendre un peu plus de contrôle et de bien-être.

Si tu es prêt·e, je t’encourage vivement à prendre contact avec un·e psychiatre spécialisé·e dans le TDAH ou un·e neuropsychologue pour faire une évaluation. Parallèlement, un suivi psychologique pourrait aussi t’aider à explorer tout ce qui t’habite.

Tu mérites d’aller mieux. Tu mérites d’être compris·e. Et tu n’as pas à attendre d’être « au bord du vide » pour demander de l’aide.

Tu fais déjà un pas immense. Continue comme ça! 💛

Mélo, intervenante sociale pour AlterHéros

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