J'ai 82 ans et le besoin de vivre comme la femme que j'ai toujours rêvé d'être...

J’ai 82 ans et le besoin de vivre comme la femme que j’ai toujours rêvé d’être…

Shinri

Bonjour,
Ma démarche m’apparaît on ne peut plus stupide .. alors que j’ai maintenant 82 ans, mais troublé, sinon tourmenté, depuis mon plus jeune âge (par un problème d’identité je pense … encore que ?), dès lors que déjà, vers l’âge de 4 ou 5 ans, je prenais un très grand plaisir à mettre la lingerie d’une de mes tantes, de même que ses chaussures à hauts talons, pour glisser sur la rampe de la maison de mes grands parents … (sans doute afin de m’exciter un peu plus, tant le plaisir ressenti ?)… puisque autant que je me souvienne, les premiers «émois» effectifs, ne sont apparus quant à eux que vers les 12 ou 13 ans .. en grimpant … à la corde lisse
Pourquoi cette entrée en matière ?
Pour dire d’abord n’avoir jamais cessé de pratiquer cette sorte de travestissement … jusqu’à acheter de la lingerie, et la jeter ensuite par culpabilité, et recommencer, après été jusqu’à la masturbation, lorsque l’éjaculation ne se produisait spontanément, mais à chaque fois avec l’idée d’un orgasme au féminin.sous-jacente
Je ne me suis jamais senti attiré par les gens de même indexation … la simple pensée que je pourrais avoir une relation avec l’un ou l’autre me répugne totalement … par contre je sais avoir (encore aujourd’hui) le regret lancinant de n’avoir pas rencontré une femme qui m’accepte au féminin, j’allais écrire comme je suis, alors que je me ressens toujours, sinon de plus en plus, le besoin de vivre comme la femme que j’ai toujours rêvé d’être.
À telle enseigne que je vous écris ce matin … en combinaison de soie … récupérée chez ma compagne qui allait le jeter, avec string et soutien-gorge
(Ma compagne retrouvée – après veuvage survenu ‘il y a vingt ans – est une camarade de lycée d’il y a soixante ans … ayant elle-même perdu son mari, et qui sait mes difficultés … qu’elle accepte, à la condition de ne rien voir … et fait que je peux au moins dormir comme dit ci dessus
Précisons tout de suite avoir consulté des psys et psychiatres (durant quarante ans)… alors que, et quoique diplômé de l’enseignement supérieur, ma carrière professionnelle en a été totalement bouleversée (sans que l’on sache évidemment mes problèmes), et que, très vite, et à chaque fois … (au moins avec dix employeurs) … commençaient à surgir des problèmes relationnels .. lorsqu’il ne s’agissait d’incapacité à assurer des tâches de gestion courantes
La première manifestation de «décrochage», s’étant produite au moment du service militaire, où paradoxalement plutôt doué physiquement pour l’action, j’ai eu le privilège de servir comme sous lieutenant chef de section à la Légion Étrangère … terminant néanmoins le service, comme rapatrié sanitaire après une «brève période délirante» du fait d’un manque sans doute à pouvoir ou savoir me satisfaire ?.
Est-ce le fait d’une. obsession, sinon addiction, d’un narcissisme comme on qualifiait la chose «à l’époque», ou encore le résultat d’une perversion ?
L’un des «psy» (recommandé par le précédent qui me considérait comme son patient préféré, mais prenant sa retraite), alors que j’avais 50 ou 55 ans ;;; avait décidé de me donner de l’androcure … mais sans m’expliquer les choses, autrement qu’en termes d’apaisement … au lieu que me mettre au courant d’une transition possible – si bien que me sentant plutôt «endormi» … j’avais très vite cessé d’en prendre .. (indépendamment de voir la pharmacienne de ma commune me regarder d’un «drôle d’air» !)
Reste aujourd’hui que donnant l’impression de vivre une vie normale (de retraité ..), je reste hanté par cette idée – alors qu’encore en pleine forme physique ! -, d’avoir manqué quelque chose … dune part … tout en me demandant effectivement si je suis, sinon ai été victime – plutôt que d’une mauvaise indexation, de cette addiction évoquée
Et si oui … s’il y a lieu de consulter à nouveau
Dois-je ajouter … avoir malgré tout, toujours, sinon de «plus en plus, l’envie d’avoir de la poitrine (sic !), n’ayant réussi qu’à la voir un peu apparaître avec l’application de crème à la pueria mirifica durant quatre à cinq mois … au point de me demander s’il ne me faudrait pas l’associer avec la prise de comprimés… et dire au moins … les sursauts après donner le sentiment d’être ou avoir été malgré tout raisonnable en consultant
Là la stupidité vu l’âge du «capitaine» … ne vivant qu’avec cette pensée … d’espérer vainement être autre chose que cet homme … plus ou moins «incertain»
En fait, à l’âge qui est désormais le mien, suis-je encore en droit d’espérer avoir une amélioration dans le ressenti et bien être … pour les dix ans (meilleure hypothèse !) qu’il me resterait à vivre … ne serait-ce qu’en prenant par exemple des œstrogènes et autres progestérones … me souvenant même que mon psy préféré (20 ans) me faisait des piqûres de testostérone … sans autre effet que me rendre encore plus malheureux
Je ne sais si votre réponse va pouvoir m’aider autrement qu’avec des conseils génériques sinon généraux ?
Catholique, avec plusieurs vocations religieuses dans la famille … reste aussi la culpabilité et cette notion du mal en soi … qui trouble ou fausse aussi le point de vue sur la question.
Le jour est maintenant levé … je me suis habillé «normalement» … un nouveau jour est là qui commence comme tous les jours …
Bien à vous.
Bonjour à toi,
Tout d’abord, merci pour ce touchant témoignage. C’est assez admirable de bien vouloir partager avec nous un peu de ton histoire. Sache également que je tiens à préciser que ta démarche n’est aucunement stupide. Il n’y a pas d’âge pour commencer à prendre soin de soi. J’ai vu d’autres personnes de tous les âges et de tous les milieux commencer une transition, même si certaines de ces personnes savaient pertinemment qu’elles ne pourraient pas faire une transition que certain.e.s qualifieraient de «complète» vu leur âge avancé et leur état de santé.
Je vais aussi en profiter pour utiliser le féminin pour parler de toi. Comme tu sembles vouloir explorer beaucoup de ce côté au niveau de ton genre, cela pourrait être une opportunité de voir comment tu te sens intérieurement quand on s’adresse à toi au féminin.
En lisant ton histoire, je vois plusieurs éléments qui font effectivement penser à ce que plusieurs personnes trans peuvent vivre. Comme celui du jeune âge et de vouloir être dans l’autre genre en portant les vêtements de notre parent ou de notre conjointe, par exemple. Comme ce fort désir a été présent toute ta vie et encore aujourd’hui, je peux comprendre ce besoin de vivre en harmonie avec soi.
Je lis que tu as eu de longues consultations avec des psys et psychiatres. 40 ans, ce n’est pas rien. C’est déplorable par contre de voir que ces spécialistes n’ont pas semblé à l’écoute de tes réels besoins. Il est vrai qu’ « à l’époque » (pour reprendre tes termes) tout ce qui était « transsexualité » (le terme d’avant), travestissement ou tout autre (être homosexuel.le aussi) étaient vu comme des perversions et même dans les registres du DSM (le livre «sacré» des diagnostics en psychologie). Les spécialistes pensaient pouvoir « guérir » le monde de ces soi-disant perversions. Mais on sait bien que ça n’a rien à voir avec ça. C’est désolant de voir que tu as eu à passer par ce genre de processus où on omettait beaucoup d’informations pertinentes dans le but de « guérir » le monde.
Je ne sais pas quand tu es allée consulter la dernière fois, mais il pourrait être en effet envisageable de trouver une personne qui puisse être ouverte pour t’accompagner dans tes réflexions. Mais cette fois, je te dirais de porter attention d’avoir quelqu’un qui puisse avoir l’habitude de ce genre de réflexion et de recherche de soi et qui soit ouvert d’esprit. Ce serait contre-productif de tomber sur quelqu’un qui soit d’une mentalité fermée et vouloir chercher à t’empêcher d’explorer ton identité.
Sinon, à 82 ans, on peut difficilement espérer une transition impliquant des chirurgies d’affirmation de genre au niveau des organes génitaux, mais il est très possible de faire une transition qui puisse te permettre de te sentir bien dans ta peau et de te sentir femme. Je pense qu’il peut être possible de pouvoir prendre de l’œstrogène. Évidemment, c’est un médecin/endocrinologue qui saura le mieux te renseigner sur les avenues qui te sont possibles selon ton état de santé, tes antécédents médicaux et tout autre aspect qui pourraient potentiellement empêcher la prise d’hormones. Je ne suis personnellement pas spécialiste en hormones, mais je suis pas mal sûr qu’il y a quelque chose à faire, surtout parce que je connais des femmes qui ont commencé relativement tard l’hormonothérapie et qui sont aujourd’hui totalement heureuses avec ça. Pour t’inspirer, tu peux regarder ces vidéos de la chaîne Youtube de Chloé Viau, une femme trans aînée et militante vivant au Québec qui poursuit aujourd’hui sa transition, à bientôt 70 ans.
Faire une transition peut se faire de diverses manières. Ça peut être des petits détails ici et là qu’on ajoute au fil du temps. Porte ce que tu as envie de porter, dans lequel tu te sens bien, tu te sens toi. Si tu as envie de mettre des talons haut, du vernis à ongles, d’avoir les cheveux longs ou de porter une belle robe, tout ça parce que ça te permet de te sentir en harmonie avec toi-même, ce sera surement le plus beau cadeau que tu puisses t’accorder. Si tu veux qu’on s’adresse au féminin et parler de toi comme femme, alors c’est quelque chose qui peut très bien se faire. N’hésite pas à explorer ton identité sans te culpabiliser.
On t’a surement déjà dit qu’on n’a rien à prouver à personne. La personne la plus importante dans ta vie est toi-même. Tu s la première et la dernière personne avec qui tu vas vivre. Tous les autres vont et viennent, ils gravitent autour de nous mais notre propre vie ne les regarde pas. Ils ne font que partager un petit bout de chemin avec soi. C’est donc important d’être bien avec soi-même, de se faire du bien et de souhaiter le meilleur pour soi. Ce n’est pas être narcissique ni égoïste, parce qu’en étant en harmonie avec soi, c’est plus facile de partager notre bonheur et de s’ouvrir avec les autres. Si tu rayonnes, les autres le verront et ceux qui comptent vraiment seront contents pour toi et ton bonheur et t’accompagneront.
Mais une chose est sûre et sois-en certaine, il n’est jamais trop tard pour être soi. Ce n’est jamais stupide de vouloir se faire du bien. Qu’on ait 5, 30, 50, 80 ans, l’âge n’est qu’un chiffre. Si pour toi, aujourd’hui est le bon moment, alors c’est le bon moment pour toi.
Bonne chance à toi, je te souhaite de pouvoir te trouver et être bien.  Merci encore pour ton témoignage, n’hésite pas à nous écrire encore si tu as d’autres questions ou tu as envie de partager avec nous
Shinri

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