#animaux
#asexualité
#comportements
#homoérotisme
28 mars 2024

Est-ce qu'il y a juste les êtres humains qui peuvent être asexuels ou certains animaux aussi ? parce qu'on dirait que les animaux pensent juste à se reproduire...

-Est-ce qu’il y a juste les êtres humains qui peuvent être asexuels ou certains animaux aussi ? parce qu’on dirait que les animaux pensent juste à se reproduire…
Merci d’avance.

Guillaume Perrier

-Est-ce qu’il y a juste les êtres humains qui peuvent être asexuels ou certains animaux aussi ? parce qu’on dirait que les animaux pensent juste à se reproduire…
Merci d’avance.
Anonyme
 
Salut Anonyme!
 
Merci pour ta nouvelle question concernant l’asexualité. Si je comprends bien ta question, tu te demandes si les animaux, comme les êtres humains, ont la possibilité d’être asexuel.le.s. Tu as l’impression que les animaux ne pensent qu’à se reproduire.
 
D’abord, il peut être risqué d’appliquer des concepts définissant la sexualité humaine à des animaux. Les termes asexualité, homosexualité, bisexualité et hétérosexualité sont d’abord et avant tout des termes pour définir un éventail de comportements, d’attirances et d’identités revendiqués par les êtres humains. Les animaux, pour leur part, ne peuvent pas s’autoidentifier de la sorte.
 
Toutefois, même s’il est difficile de parler d’homosexualité chez les animaux, il est toutefois possible de parler de comportements homosexuels ou homoérotiques chez les animaux. À titre d’exemple, le chercheur Bruce Bagemihl affirme que des comportements homoérotiques ont été observés chez près de 450 espèces animales. Ces comportements peuvent prendre la forme de parade amoureuse, affection, relation sexuelle, vie en couple et comportement parental. Or, s’il existe autant de manifestations possibles de comportements homoérotiques chez les animaux, cela vient automatique remettre en question le postulat selon lequel les animaux ne pensent qu’à se reproduireEn effet, les motivations des animaux à entretenir des comportements érotiques ou sexuels ne sont pas toujours liées à un désir de reproduction, mais parfois au plaisir (comme chez les singes Bonobo qui ont une vie sexuelle diversifiée et active uniquement par plaisir), à la consolidation d’une structure sociale particulière (comme chez les lions où il est possible d’observer des couples de mâles) ou à un débalancement démographique (comme chez les macaques où le ratio de couples homosexuels est plus important lorsqu’il y a un débalancement entre le nombre de mâles et de femelles…
 
Je suis conscient que ta question concerne l’asexualité chez les animaux. Toutefois, s’il est possible de prouver que les animaux ont une vie intime, amoureuse ou sexuelle de l’ordre de l’homoérotisme pour des raisons très diversifiées qui s’inscrivent à l’extérieur du simple désir de reproduction, il devient alors possible de déduire que les animaux ne pensent pas qu’à se reproduire. Dans cette logique, revenons un peu à la définition de l’asexualité. Ce terme réfère au fait de ressentir pas ou peu d’attirances sexuelles. Or, il ne faut pas confondre la capacité de ressentir des attirances sexuelles à la volonté de se reproduire. À titre d’exemple, plusieurs personnes asexuelles peuvent avoir le désir d’être parents! Cela ne remet aucunement en question leur asexualité.
 
Maintenant, pour répondre plus directement à ta question, il existe une série d’études ayant été menée chez les moutons par le United States Sheep Experiment Station qui aurait démontré que près de 2 à 3% des animaux étudiés n’avaient apparemment aucun intérêt pour les activités sexuelles avec d’autres moutons. Ces animaux n’ont également démontré aucune variation hormonale ou aucune variation de santé avec les autres moutons. Il faut toutefois être prudent.e avec ce type d’études. Comme je l’expliquais en introduction, il est difficile d’appliquer aux animaux les mêmes modèles comportementaux/sexuels/identitaires théorisés pour décrire la diversité sexuelle et de genre chez les êtres humains.
 
Ce qu’il faut retenir de tout cela, c’est que la diversité sexuelle sous toutes ses formes comportementales ou érotiques est visible tant chez les êtres humains que chez les animaux. En ce sens, l’asexualité, comme toutes les autres orientations sexuelles, constitue un phénomène naturel et social complètement normal dont les comportements asexuels sont autant documentés chez les animaux que les êtres humains qui revendiquent cette autoidentification.
 
J’espère avoir su t’éclairer un peu dans ta réflexion! Nous demeurons disponibles pour toi si tu as d’autres questions!
 
Guillaume, pour AlterHéros

Similaire