Comment pourrais-je un jour assumer en public être celui que je rabaissais avant?
On va dire je m’appelle Mr Schmitt pour l’anonymat.
Voilà j’ai 22 ans
depuis peu j’ai découvert mon homo sexualité et franchement je kiffe ma vie comme un fou.
Après avoir été hétéro pdt un moment et vécu mes relation librement au vue de tous me voilà bloqué… Célibataire pour certains et pas pour d’autres …
Enfin bref rien ne sort de la chambre de mes nombreuses conquête depuis septembre 2022 …
Et jvois tout mes amis essayer de me mettre en couple et tout genre il comprennent pas pourquoi je me retrouve si seul après une très forte activité … Et bien je ne peux rien dire vue le comportement de certains…. Il n’y a que 1 seule amie qui est au courant et qui tiens bien sa langue car ce n’est pas a elle de le dire .
Mais j’aimerais tellement vivre mes relation qu’elle soit sexuelle ou amoureuse comme tout le monde enft… Mais j’ai clairement pas le courage de subir le jugement de tout le monde…
à commencer par ma famille qui d’un côté :
-catho raciste
-une partie neutre
-musulmans raciste
-et quelques russes
Bref une salade composée de cliché et d’amalgame d’homophobie qui m’amène à une grande solitude … Le fait de ne pouvoir parler à personne … A moins de remplacer les il par elle … De supporter les propos homophobe de mon frère a table qui se fait engueulé par ma soeur devant mes parent complètement passif fasse a la situation et moi qui ferme ma bouche pour ne pas être « repérer » je ments a tout le monde et a moi même ..
Jsuis complètement perdu et déboussoler… Il n’y a que quand je me retrouve seul avec lui que tout va mieux …
Mais j’aimerais tellement pouvoir revenir dans le passer et effacer toutes les phrase que j’ai pu dire comme une débile pré-pubère de collégien arriéré….
J’ai envie de dire que je ne mettais jamais rendu compte a quel point le mot « pd » pouvait faire aussi mal… Que l’orsque j’ai découvert mon homosexualité…. Et que quand des pote sortes des « vas te f […] »…. Ce que je pouvais dire moi aussi avant….
Et ça me fait mal de les entendre dire ça .. alors que ça m’ai pas destiné et qu’ils sont juste en train de rager sur League of légende…
Et je sens comme une sous merde parce que jai passer une grande partie de ma vie a être l’ignorant qui insulte sans savoir…..et maintenant je mange le bon gros KARMA mdrr
Enfin bref tout ça pour dire omment pourrais je un jour assumer en publique être celui que je rabaissait avant….
Salut Mr Schmit,
Je suis heureuse de lire que, malgré les difficultés, tu te sens bien face à ton orientation. C’est une des choses les plus importantes pour une personne et ce n’est pas toujours facile à atteindre. Bien sûr, ça ne règle pas tous les problèmes.
Parlons donc des problèmes que ça ne règle pas. Plus spécifiquement, de tes difficultés à toi. La première qui m’apparaît, c’est le jugement des autres. Ou plutôt, devrais-je dire, la peur du jugement des autres. Je te rassure d’emblée, c’est une préoccupation tout ce qu’il y a de plus valide et fréquente.
Nous vivons dans une société qui repose beaucoup (trop) sur les normes. Quand je parle de norme, je ne fais pas référence à la notion mathématique, mais bien à l’idée de ce qui est valide et correct. Le problème avec les normes, c’est l’attitude qui les accompagne à peu près toujours, celle de considérer que tout ce qui n’est pas dans la norme comme étant problématique. L’homophobie tient beaucoup de cette pensée. L’hétérosexualité est définie comme étant la norme et l’homosexualité, étant hors norme, est vue comme mauvaise.
Pourquoi je parle de normes? Parce que le jugement des autres est fortement basé sur cette manière de penser. On retrouve les normes partout : autant à la télé qu’au cinéma, dans la musique ou dans les écrits, dans les conversations ou à l’école. On y est exposé depuis notre plus jeune âge, partout et en tout temps, et elles nous semblent donc … normales. Acceptables et indéniables. Au lieu d’apprendre à définir si une chose est problématique ou non avec des arguments raisonnés, on apprend à simplement dire que c’est « anormal », ce qui est sans valeur, car définir par la négative ne définit rien. Malheureusement, pour ceux qui pensent ainsi, l’anormalité et la croyance en cette idée suffisent. Tous les arguments faits par la suite sont, à mon avis (et pas seulement le mien), des rationalisations de ces sentiments négatifs envers « l’anormal ». Donc, je parle de normes pour montrer à quel point elles sont omniprésentes et ancrées dans les mécanismes sociaux en place.
Le sentiment de vouloir être apprécié, respecté et aimé des autres est lui aussi le produit de notre socialisation. On nous a appris à vouloir être normal, que la normalité est bien, et que le jugement des autres détermine notre validité. Les premières personnes dont le jugement est important pour nous sont nos parents. Après, il y a les amis, les enseignant·e·s. Et ça se poursuit tout au long de nos vies. Il n’est pas facile de se détacher de ce besoin d’approbation en nous, mais pourtant c’est ce qu’il faut faire, surtout quand on fait partie d’un groupe marginalisé, comme les personnes gaies. Au passage, je mentionne que tous les humains, quels qu’iels soient, auraient avantage à déconstruire leur besoin d’approbation et de s’en détacher. Il n’est pas question de se foutre des autres, mais de ne plus dépendre de leur jugement pour se sentir valide.
Je ne cherche pas à faire croire que se détacher du besoin d’approbation des autres est chose facile. Au contraire, je dirais que c’est un travail qui peut être complexe. Je te recommande donc, si tu crois que j’ai raison à ce sujet et que tu aimerais y travailler, à le faire en thérapie. C’est quelque chose de très difficile à faire soi-même, bien que ça ne soit pas impossible et qu’on puisse avancer, mais l’aide d’une autre personne qualifiée pour le faire peut être précieuse quand on tente de déconstruire quelque chose d’aussi profondément ancré en nous. Bien sûr, il serait idéal de t’assurer, si tu le fais, de trouver une personne qui a une attitude positive envers ton orientation sexuelle. C’est tout de même pertinent à nommer, iels ne sont pas toustes automatiquement ouvert·e·s d’esprit sur ce sujet.
La deuxième difficulté que je vois, c’est ton sentiment de culpabilité face à comment tu as agi envers des personnes gaies par le passé. Je te trouve dur envers toi-même, car dans le contexte familial et social que tu décris, il n’est pas surprenant que tu aies agi de la sorte. Tout jeune, on apprend beaucoup par imitation et les modèles présents dans notre entourage ont donc une forte influence sur comment nous formons notre vision du monde initiale. Par la suite, on peut changer, mais parfois le mal est fait et le changement difficile.
De plus, il y a une autre explication qui peut possiblement s’ajouter à ta socialisation. Je ne peux pas en discuter avec toi en personne et je la lance donc ici pour te permettre de voir si tu crois qu’elle te correspond ou pas. Avoir un comportement discriminatoire envers l’homosexualité pourrait avoir été un moyen de te distancer de ce que tu te sentais être à l’intérieur de toi. Pour certains, c’est inconscient et pour d’autres moins. Je fais référence à l’homophobie intériorisée qui est, grosso modo, un sentiment négatif envers l’homosexualité appris et intégré par une personne dans sa conception des choses et qui se retourne contre elle-même. Une sorte de haine de soi, de ce que la personne se sent être. Si c’est ton cas, dis-toi que les insultes homophobes envers les personnes gaies étaient compréhensibles et en quelque sorte une partie de ton processus.
Je t’encourage à ne pas trop te perdre dans les regrets et les récriminations envers toi-même. Le plus important, tu le fais déjà d’après ce que je peux lire, c’est d’avoir changé ton comportement à cet égard. Tu devrais chercher à te pardonner le passé et avoir de la compassion envers toi-même.
Enfin, quoi que tu fasses, porte attention aux gens qui t’entourent. Ta sœur et ton amie semblent être des alliées potentielles, mais dans le reste de ta famille et tes potes, il est fort possible qu’il se trouve des gens négatifs au point où les éloigner ou carrément les sortir de ta vie soit le meilleur choix.
Ce n’est jamais facile et je te souhaite le mieux, mais soit vigilant si tu choisis éventuellement de révéler ton orientation (ce qui, disons-le, est un choix et non une obligation).
Sophie (elle/she), bénévole pour AlterHéros