Je suis accro à la pornographie
Je suis accro à la pornographie depuis plusieurs mois et ça commence à me peser car je passe beaucoup de temps dessus, tout les jours et plusieurs heures d’affilés et si au début je trouvais ça cool et que la pornographie m’a permis d’en apprendre plus sur moi même et mon orientation sexuelle ça commence à devenir dur dans le sens ou je ne vis plus que pour ça… Je ne sors plus de chez moi je ne fais plus d’activité ma vie tourne autour de la pornographie et je me sens bien uniquement devant et lorsque j’en regarde pas je me sens comme vide et triste et seul la pornographie me comble de bonheur j’ai l’impression d’etre moi meme devant d’etre libre et d’etre en symbiose avec la pornographie. J’ai dépensé beaucoup d’argent dans des sites pornos pleins de sites différents mais j’aimerais que ça change car je me rend compte que ça nui à ma vie et à mon argent comme si j’étais une personne accro à la drogue et j’en parle à personne car je ne veux pas qu’on me juge ou qu’on me voit comme une personne bizarre
Salut Dylan,
Merci pour ton partage et bravo d’avoir trouvé la force d’en parler. Ce que tu vis semble te procurer des émotions difficiles et c’est important que tu ne restes pas seul avec tout ça.
Tu décris une relation à la pornographie qui a changé au fil du temps. Au début, ça t’a permis de mieux comprendre ton orientation sexuelle, de te découvrir, de te sentir libre, etc. Et ça, c’est quelque chose de positif! La sexualité est aussi un espace d’exploration, de plaisir et de connaissance de soi. Mais aujourd’hui, tu ressens que cet usage a pris une place trop grande, qu’il t’isole, qu’il t’empêche de faire d’autres choses, et qu’il te fait souffrir.
Ce que tu vis ressemble à une forme de dépendance comportementale, un peu comme tu le dis toi-même en comparant cette situation avec une addiction à une substance. Sache toutefois que ce n’est pas « bizarre », ni honteux. Ça arrive à bien plus de personnes qu’on le pense, mais c’est rarement discuté ouvertement. Et ça peut être très difficile à vivre, surtout quand on a l’impression que c’est la seule chose qui nous procure encore du plaisir ou du réconfort. Ce qui est important maintenant, c’est que tu as déjà fait un pas essentiel : reconnaître que tu as envie que ça change.
Maintenant, ce cheminement, tu n’as pas à le faire seul. Si tu es à l’aise, il peut être aidant d’entreprendre un suivi avec un.e sexologue pour t’aider à mieux comprendre quel besoin la pornographie vient combler chez toi. S’agit-il de l’ennui? De la solitude? Est-ce plutôt un besoin d’évasion? Un besoin de connexion? Un moyen de gagner confiance en toi? Il peut être aidant de prendre un pas de recul et cibler pourquoi tu ressens le besoin de regarder de la pornographie et ce que cela te procure lorsque tu le fais. Cette introspection pourra peut-être aussi t’aider à retrouver du plaisir dans d’autres sphères de ta vie, et ce, à ton rythme.
Évidemment, le but n’est pas d’arrêter complètement la pornographie et surtout pas de manière drastique. Un équilibre est plutôt ce que l’on cherche, sachant qu’un arrêt trop direct pourrait créer l’effet inverse et t’y plonger encore plus. Le travail sera donc plutôt dans la réduction progressive, te permettant de noter ce que tu ressens quand tu n’en regardes pas, de repérer les moments où l’envie devient forte, pouvant servir de points de départ.
Si tu as besoin d’aide, tu peux installer des applications permettant de limiter l’accès à certains sites ou d’y mettre un certain temps maximum par jour. Je te suggère d’aller regarder l’onglet « temps d’écran » dans les réglages de ton téléphone.
Il peut aussi être aidant de te créer des petits rituels au quotidien qui ont pour remplacer les moments où tu te tournes généralement vers la pornographie. Tu peux sortir prendre l’air, même si ce n’est que pour cinq minutes, écouter de la musique, faire une activité manuelle ou créative qui te permettra de poser ton attention ailleurs que sur ton désir de regarder de la pornographie. Cela pourra aussi réhabituer ton cerveau à d’autres sources de satisfaction.
Il existe des forums en ligne ou des groupes de soutien en ligne ou en présentiel pour parler avec d’autres personnes qui vivent des enjeux similaires. Ça peut faire une grande différence de ne pas se sentir seul là-dedans et d’entendre le vécu et les trucs des autres.
Avant de conclure, je veux mettre en lumière que tu n’as pas à avoir honte de ta situation. Tu as trouvé refuge là où il t’était possible de le faire, à un moment donné, et éventuellement ce refuge est devenu une prison pour toi. Ce signal d’alerte montre que ton corps et ton esprit ont ressenti de déséquilibre et tentent de retourner vers un quotidien plus adéquat.
Tu mérites de te sentir bien dans ta vie, au-delà des écrans et tu as le droit de demander de l’aide.
Rappelle-toi, tu n’es pas seul,
Mélo, intervenante sociale pour AlterHéros