28 mars 2024

Je veux dire à mes parents que je ne suis pas cisgenre, mais j'ai peur de leur réaction.

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Esthelle

Séré

Bonjour à toi!

Merci de faire confiance à AlterHéros avec ta question! Je vais faire de mon mieux pour te donner des outils qui t’aideront à faire ton coming-out auprès de tes parents.

Premièrement, je me doute bien que tu veux faire un coming-out à tes parents puisque tu nous poses cette question, mais je veux te dire que si tu n’en as pas envie, tu n’es jamais obligé.e de faire ton coming-out à qui que ce soit. De plus, ta sécurité est une priorité : tu n’es jamais obligé.e d’avoir des conversations qui pourraient te mettre en danger. Même si tu restes dans le placard parce que tu as peur d’aborder ce sujet avec tes parents, ça ne fait pas de toi quelqu’un qui est « moins trans » ou « moins non-binaire » que si tu avais la possibilité de transitionner. Par ailleurs, il n’est jamais trop tard pour transitionner. Si tu ne peux pas le faire maintenant dans ton milieu, cela ne veut pas dire que tu ne pourras jamais transitionner, ni que tu seras trop âgé.e pour le faire lorsque tu t’en sortiras.
Si tu n’es pas certain.e de la position de tes parents par rapport aux enjeux trans, tu pourrais d’abord tâter le terrain en abordant le sujet sans parler de ton identité. Par exemple, tu pourrais dire qu’un.e élève à ton école a fait un coming-out ou que tu as entendu parler du sujet dans une émission de télé. Cela pourrait te donner une bonne idée de leur niveau d’aisance avec le sujet et de pouvoir te préparer en conséquence pour faire ton coming-out.

Maintenant, parlons de coming-out en tant que tel! Si tu décides que tu veux parler de ton identité de genre à tes parents, tu peux choisir de le faire soit en personne ou par lettre/message/courriel. 
Si tu veux le faire en personne, l’idéal est de le faire à un endroit où tu te sens bien et où tu as la possibilité de t’isoler ou de quitter si jamais tu en ressens le besoin. Je te conseille aussi de bien te préparer afin de répondre à leurs questions. Ce qui aide beaucoup quand on fait un coming-out trans est de nommer les choses que l’on veut changer et l’aide que tu aimerais obtenir de tes parents. Cela demande d’abord une réflexion de ta part : désires-tu changer de prénom ou de pronom? Désires-tu que tes parents t’aident à acheter des nouveaux vêtements ou t’aident à trouver un.e professionnel.le de la santé pour débuter une transition médicale? En réfléchissant à l’avance à ces éléments et en notant ceux que tu désires partager à tes parents, cela t’aidera à faire face à leurs questions et à expliquer pourquoi c’est important pour toi de leur parler de ton identité de genre. Tu peux aussi parler de ce qui ne changera pas! Souvent, lorsqu’on fait un coming-out à nos parents, iels se sentent un peu bousculé.e.s, car iels se sont fait des attentes par rapport à notre genre assigné à la naissance. Ça peut alors être utile d’insister sur le fait que tu restes la même personne que tu as toujours été, que tu restes leur enfant et que tu gardes la même personnalité et les mêmes intérêts, que de faire ce coming-out est en fait une façon de te sentir authentique avec elleux.

Si tu veux faire ton coming-out en personne, mais que tu n’y arrives pas quand tu es en face de tes parents, tu peux essayer de ne pas leur faire face : c’est beaucoup plus facile de commencer une conversation difficile quand tu es côte à côte avec une personne plutôt qu’en face d’elle. Tu pourrais par exemple faire ton coming-out pendant une marche en famille ou bien lorsque tu es assis.e à côté de tes parents à une table ou sur un divan. 

Faire un coming-out par écrit, soit en donnant une lettre à tes parents ou en leur envoyant un courriel, permet de préparer tout ce que tu veux dire à l’avance sans avoir à craindre d’être interrompu.e. Cela permet aussi de prévoir un espace pour que tes parents puissent réagir à cette nouvelle et gérer leurs sentiments par rapport à cela sans que tu aies à en être témoin. Par exemple, tu pourrais leur remettre la lettre juste avant d’aller prendre une marche. Un autre avantage de cette méthode est de permettre de leur donner des ressources. Par exemple, j’aime bien ce vidéo qui permet de faire ton coming-out non-binaire à ta place! (Voici l’équivalent pour les femmes trans, et pour les hommes trans) Tu pourrais aussi leur envoyer des articles, comme celui-ci qui donne des conseils aux parents d’ados LGBTQ+ ou celui-ci qui explique que les enfants et ados trans se sentent autant fille ou garçon que les enfants et ados cisgenres. 

Peu importe la méthode que tu choisiras, rien ne t’oblige à faire ton coming-out à tes deux parents en même temps. Si tu crois que l’un.e des deux accueillera mieux ce dévoilement, tu peux choisir de lui parler en premier et de demander son aide pour parler à ton autre parent. 

Il y a aussi tout plein de ressources pour toi si tu veux parler à d’autres jeunes trans de leur expérience de coming-out ou si tes parents ont besoin de parler à des parents qui ont vécu le coming-out de leur enfant. En Montérégie, il y a l’organisme le JAG qui organise des rencontres virtuelles d’un groupe de discussion pour les jeunes LGBTQ+ tous les mardis après-midi et les jeudis soirs. Pour y participer, il faut contacter l’une des deux intervenantes suivantes :

Jessica Grenon
jessica.grenon@lejag.org
https://www.facebook.com/jessica.grenon.lejag
Justine Hémond
justine.hémond@lejag.org
https://www.facebook.com/justine.intervante.7

Il y a également l’organisme Enfants transgenres Canada qui offre des services aux familles d’enfants et d’ados trans. Il y a tous les jeudis des rencontres virtuelles pour les parents qui ont un enfant ou un ado trans, et tu peux aussi leur écrire au services@enfantstransgenres.ca pour avoir du soutien personnalisé!

Pour d’autres ressources disponibles pendant la pandémie, tu peux consulter cette réponse que nous avons écrit à ce sujet. 

J’espère que ma réponse t’a éclairé par rapport à ton coming-out. N’hésite surtout pas à nous réécrire si tu veux en parler davantage ou si tu as une question par rapport à un autre sujet. Tu n’es jamais seul.e.

Je t’envoie plein de courage!

Séré, intervenant pour AlterHéros

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