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9 mars 2020

Est-ce normal que lorsque je me masturbe, au moment de l'orgasme, j'ai l'impression qu'un liquide chaud qui semble être de l'urine sort de mon vagin?

Bonjour, j’expérimente une situation assez déplaisante à chaque fois que je me masturbe. Quand j’arrive à l’orgasme, j’ai l’impression de me pisser dessus. J’en est parlé à plusieurs de mes amies mais ça ne m’arrive qu’à moi. Je tiens à préciser que je suis une fille et que je ne pénètre pas, mais bien simplement stimule mon clitoris. À chaque fois que j’arrive à l’orgasme (en fait, je crois) il y a un liquide chaud qui semble être de l’urine qui sors. Et ce n’est pas juste un peu, il y en a énormément. Est-ce ce que c’est normal ?? Est-ce que j’urine vraiment à chaque fois que je me masturbe? J’ai vraiment peur car je commence à fréquenter un garçons et je ne veux pas avoir à m’inquiéter de ça si je finis par coucher avec…

Marie-Édith Vigneau

Bonjour, j’expérimente une situation assez déplaisante à chaque fois que je me masturbe. Quand j’arrive à l’orgasme, j’ai l’impression de me pisser dessus. J’en est parlé à plusieurs de mes amies mais ça ne m’arrive qu’à moi. Je tiens à préciser que je suis une fille et que je ne pénètre pas, mais bien simplement stimule mon clitoris. À chaque fois que j’arrive à l’orgasme (en fait, je crois) il y a un liquide chaud qui semble être de l’urine qui sors. Et ce n’est pas juste un peu, il y en a énormément. Est-ce ce que c’est normal ?? Est-ce que j’urine vraiment à chaque fois que je me masturbe? J’ai vraiment peur car je commence à fréquenter un garçons et je ne veux pas avoir à m’inquiéter de ça si je finis par coucher avec…
Lolipop444
 

Salut Lolipop444 !
Merci de nous écrire. Tu es inquiète parce que lorsque tu te masturbes et que tu arrives à l’orgasme, tu as l’impression d’uriner – un liquide chaud s’échappe de ta vulve. Tu spécifies que tu ne te pénètres pas, tu stimules ton clitoris. Je comprends que la situation est déplaisante pour toi. En plus, tu ne comprends pas vraiment ce qui se passe et tu te demandes si c’est normal.
Laisse-moi te rassurer: la situation dont tu parles arrive à plusieurs personnes et est souvent connue sous le nom de «squirting» ou «éjaculation féminine». Je trouve que le terme «squirting», même s’il est en anglais, est plus approprié, puisque les termes «éjaculation féminine» représentent une éjaculation d’une personne qui a une vulve, ce qui veut dire qu’il ne s’agit pas nécessairement d’une femme – certains hommes trans et personnes non-binaires ont une vulve aussi ! 😉
Depuis plusieurs années (au moins depuis les années 80 !), des études sont publiées sur la question. C’est un phénomène qui fait beaucoup jaser parce qu’il est effectivement surprenant, quoique encore méconnu. Il y a beaucoup de personnes qui souhaitent élucider le grand mystère du squirt, squirter elleux-mêmes, faire squirter leurs partenaires… de mon côté, je trouve qu’il y a d’autres objectifs à atteindre qui sont beaucoup plus doux, comme juste être à l’écoute de son-sa-ses partenaire.s, mais bon, je voulais juste te dire que beaucoup de personnes trouvent ça très sexy !

Une étude de 2014 (Salama et ses collègues) propose, en introduction, l’historique suivant :
«La nature exacte de cette émission de fluide est controversée depuis des décennies. En effet, alors que ce fluide représente, pour certains auteurs, une simple hyper‐lubrification vaginale ; pour d’autres, il est produit par les glandes de Bartholin ou par les glandes de Skene […]. Pour certains autres auteurs, ce fluide est plutôt une émission urinaire.
 
[…] le fluide est effectivement émis par l’urètre au lieu du vagin ou des glandes de Bartholin. Une raison plausible de ce débat est la caractérisation divergente, parmi les auteurs, de la quantité de liquide émis par ces [personnes], qui est, pour certains, limitée à quelques millilitres de liquide […], tandis que pour d’autres, elle est beaucoup plus grande, dépassant souvent 150 mL […].
 
Par conséquent, nous avons choisi, dans la présente étude, de ne pas considérer les individus signalant une légère émission de fluide, mais de se concentrer uniquement sur ceux qui reliaient une décharge liquide régulière et massive pendant l’excitation ou l’orgasme, également connu sous le nom de «squirting».» (Salama et al., 2015, p. 661-662, traduction libre)
 
Les conclusions de l’étude de Salama et ses collègues sont les suivantes : ce liquide qui s’échappe en grande quantité s’agirait essentiellement d’urine.
Dans une autre étude, celle de Wimpissigner, Springer et Stackl (2013), on peut lire ceci: 
«Les sécrétions génitales pendant l’orgasme [chez les personnes assignées femme à la naissance] (éjaculation) font l’objet de controverses depuis des siècles. Les travaux scientifiques sur cette partie essentielle de la fonction sexuelle ont permis de différencier l’éjaculation, l’incontinence urinaire et le transsudat vaginal. Selon des études antérieures, moins de 50% des [personnes ayant un vagin] éjaculent réellement pendant la stimulation sexuelle. Peu de [personnes] touchées discutent de l’éjaculation avec leur médecin – en partie à cause de sa nature physiologique, en partie par embarras.» (Wimpissinger, Springer et Stackl, 2013, p.E177, traduction libre)
 
Alors que Salama et ses collègues parlent d’une quantité de liquide d’environ 150 ml par «éjaculation», Wimpissigner et ses collègues se concentrent plutôt sur des émissions allant de 0,3 ml à 150 ml. Sur 320 femmes étudiées, 266 d’entre elles (83,1%) décrivaient le liquide comme étant «clair comme de l’eau» et 74 d’entre elles (23,1%) le qualifiaient de «blanc et milky«.
La plupart des participantes éjaculaient lors de l’orgasme, principalement lors de la masturbation, la moitié d’entre elles après une stimulation du clitoris, l’autre moitié après une stimulation vaginale. Certaines participantes (19,4%) avaient aussi expérimenté l’éjaculation lors d’une pénétration anale.
Toujours selon Wimpissinger et ses collègues, ce liquide aurait deux sources possibles: le vagin et l’urètre. Les participantes ont noté diverses sources possibles du liquide et certaines ne savaient pas d’où il sortait. Il y aurait une sorte de liquide qui serait de l’urine et un autre liquide qui serait autre chose !
Voici un extrait de l’étude qui pourrait particulièrement t’intéresser : «288 partenaires (90%) de ces femmes considéraient leur éjaculation comme un phénomène «positif» dans leur vie sexuelle; 16 femmes (5,0%) avaient des partenaires «indifférents»; et deux partenaires (0,6%) avaient une attitude «négative».» Autre élément intéressant : lors d’une étude menée en 1990 par Darling et ses collègues : «les femmes qui éjaculent sont plus susceptibles d’éprouver de multiples orgasmes et orgasmes de plus longue durée que les femmes qui n’ont pas cette capacité.» (Wimpissinger, Springer et Stackl, 2013, p.E182, traduction libre)
Alors maintenant que tu sais que tu n’es pas seule, que l’éjaculation est généralement perçue comme un élément positif par les partenaires ainsi que par les femmes qui éjaculent (78,8% d’entre elles) selon les résultats de l’étude, qu’en penses-tu ? Cela ne rend pas la chose moins salissante, c’est certain. Par contre, maintenant que tu sais qu’il y a de fortes chances que tu éjacules lorsque tu approches de l’orgasme, tu peux te préparer en conséquence.
Tu peux par exemple utiliser des serviettes de bain pliées pour accueillir le liquide, des couvertures comme celle-ci (moins évident si tu n’es pas financièrement indépendante ou que tu habites avec tes parents, j’en conviens), des underpads comme celui-ci où encore (ma solution préférée, parce que c’est subtil !) des nappes de pique-nique étanches. Tu peux aussi profiter des moments où tu prends ta douche ou ton bain pour te masturber.
J’espère que tu ne t’empêcheras pas d’avoir du plaisir à cause de cette situation. C’est quelque chose de spécial à apprivoiser, mais tu peux l’intégrer dans ta sexualité et y trouver beaucoup de plaisir.
Voilà, j’espère que le tout peut t’aider et te redonner un peu confiance.
N’hésite pas à nous réécrire si tu en ressens le besoin.
Cordialement,
Marie-Édith Vigneau, B.A. sexologie, pour AlterHéros

Sources:
Salama, S., Boitrelle, F., Gauquelin, A., Malagrida, L., Thiounn, N. et Desvaux, P. (2015). Nature and Origin of “Squirting” in Female Sexuality. The Journal of Sexual Medicine12(3), 661‑666. doi:10.1111/jsm.12799

Wimpissinger, F., Springer, C. et Stackl, W. (2013). International online survey: female ejaculation has a positive impact on women’s and their partners’ sexual lives: Female ejaculation online survey. BJU International112(2), E177‑E185. doi:10.1111/j.1464-410X.2012.11562.x

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