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5 décembre 2018

Existe-t-il une bonne façon d'aborder la dysphorie de genre avec ses parents?

Steff.e.s

Bonjour, cela fait exactement 3 ans que j’ai remarqué des »problèmes» dans mon développement personnel. En effet, je suis né garçon mais j’ai toujours agi différemment des autres garçons de mon âge. J’ai une limitation physique qui a fait en sorte que des activités dites »masculines» telles que le ballon chasseur étaient presque impossible à effectuer pour moi. Je me suis dirigé vers les filles de ma classe, afin de m’intégrer autrement. Cependant, à cette époque je ne m’identifiais ni au garçons ni au filles car ma puberté n’était pas encore commencée et que je n’étais pas assez mature pour me poser de telles questions.

Mon entrée au secondaire s’est difficilement déroulée, dû à ma limitation physique je me suis fait intimider. Mon secondaire a connu 3 dépressions majeures, ce que mes parents ont toujours confondus avec de la »comédie». Les phases dépressionnaires 2 et 3 se sont accentuées avec le début de ma puberté de gars, je commençais alors à détester mon corps et à me détester moi-même. C’est en secondaire 3 que j’ai entendu pour la première fois le terme »transgenre» aussitôt je me suis identifié ( sans le dire à personne) à ce type de personne.

Pendant 3 ans, je me suis interdit de le penser car j’avais peur du jugement des autres. Mais, en refoulant cela je me rendais malade.Puis, je me suis repris en main et depuis j’accepte d’y penser car, cela me suit depuis bien trop longtemps. Plusieurs personnes savent que je ne me sens pas bien dans ma peau. Mais, j’aimerais en parler à mes parents qui eux, montrent souvent une certaine fermeture à la communauté LGBTQ+. Aussi, ma psy m’a conseillé de vous écrire pour me guider dans mes démarches, Ma première question est donc la suivante:

Existe-t-il une bonne façon d’aborder la dysphorie de genre avec ses parents?
Quels seraient vos conseils pour une telle annonce?

Merci d’avance

Zazu4564

 
 

Salut Zazu4564,

Je veux commencer par te dire que ce que tu ressens est complètement valide, et que je suis désolé.e de lire que tes parents ne t’ont pas prise au sérieux lorsque tu passais des moments très difficiles. Je t’entends, et je comprends lorsque tu me parles de dysphorie de genre. Ce n’est pas la chose la plus plaisante et la plus facile, surtout lorsqu’on commence à se donner le droit d’y penser.

Je tiens à m’excuser de ma réponse tardive. Je voulais prendre le temps de bien penser à la réponse. Les questions que tu poses englobent beaucoup de choses, et ce sont de très bonnes questions. De ce que je peux comprendre ce semble être très difficile pour toi. As-tu consulté des ressources de ton coin de pays ? Est-ce que tu as quelqu’un.e et ou un.e ami.e à qui te confier, et ou échanger ? Est-ce que de participer à des groupes de discussion LGBTQAI2S+, ou des ateliers t’intéresserait ? Je te laisserai quelques liens d’organismes qui pourraient peut-être t’intéresser, si c’est le cas ! Des fois, parler avec des gens qui vivent sensiblement la même chose que nous, peut nous donner la force et l’énergie qu’on a besoin pour se sentir moins seul.e et plus solide. Ces gens pourront aussi peut-être te donner des trucs pour alléger ta dysphorie au quotidien, et t’aider à mieux te préparer à en parler à tes proches !

S’il existe une bonne façon d’aborder ce sujet avec ses parents ? Il en existe plusieurs, mais si tu me demandes de te dire quelle est la façon ultime de le faire, je n’ai malheureusement pas la réponse pour toi. La réponse dépend beaucoup de la relation que tu as avec tes parents, et quel genre de personnes ils sont. Et surtout, la meilleure façon d’aborder ce sujet avec tes parents sera la façon dont toi tu te sens confortable et en sécurité.

  • Est-ce que ça te cause beaucoup d’anxiété d’en parler avec tes parents ? Pourquoi ?
  • Est-ce que c’est sécuritaire pour toi, mentalement et physiquement, d’aborder le sujet ?
  • Est-ce que tes parents sont éduqués et sensibilisés au sujet de la communauté LGBTQAI2S ?
  • Est-ce qu’ils sont familiers avec le vocabulaire que l’on utilise lorsqu’on parle de dysphorie ?
  • À quoi ressemble ta relation avec tes parents ? Est-ce que ce sont des gens ouverts d’esprit ?
  • Est-ce que tes parents ont une bonne écoute ?Voici mes suggestions :
  • Il est possible d’explorer les organismes LGBTQAI2S+ locaux : ils ont souvent des groupes jeunesse où les jeunes échangent sur leurs expériences de vie et se donnent des trucs, ils ont aussi plusieurs ateliers où tu pourras explorer plusieurs concepts, et termes intéressants. Ils ont aussi, quelques fois, des ateliers à titre informatif et de sensibilisation pour les parents afin de mieux comprendre et soutenir leurs enfants ! Ils ont des intervenant.e.s sur place qui pourront te référer aux ressources nécessaires au moment où tu en auras besoin.
  • Si tu décides de le faire par toi-même, j’ai quelques liens vidéo qui expliquent ce que c’est la dysphorie de genre, et ces vidéos sont PAR ET POUR la communauté. (Je te laisse les liens plus bas.) Tu pourras, soit les montrer à tes parents, soit t’en inspirer pour aborder le sujet.
  • Tu peux également aller en parler à un.e médecin, les médecins sont tenus de garder la confidentialité dès l’âge de 14 ans au Québec. Sauf si ta vie ou celle d’une autre personne est en danger.

 
Chaque personne trans aura une stratégie différente pour dévoiler son identité de genre à son entourage. Certaines personnes vont préférer écrire une lettre, d’autres vont vouloir aborder le sujet pendant l’heure du souper. Dans certains cas, il est aussi possible de leur montrer un vidéo, d’écouter un film ou de leur partager une nouvelle d’actualité concernant les personnes trans afin d’établir le terrain pour aborder le sujet. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises façons. Or, il est toutefois possible de se préparer, si tu prends la décision de leur en parler. Par exemple, tu peux te préparer un »texte» que tu aimerais leur communiquer afin de bien choisir les mots que tu voudras utiliser pour définir ce que tu vies. Tu peux également en parler en premiers lieux avec un.e ami.e, un frère ou une soeur envers qui tu as confiance. Tu peux aussi demander d’être accompagné.e de ta psychologue pour en parler avec tes parents si tu te sens en sécurité en sa présence. Il est aussi possible de réfléchir aux différentes questions que tes parents pourront après ce dévoilement afin de répondre à leurs interrogations ; ou de les référer à différentes ressources au besoin. L’important, c’est que tu écoutes ton rythme et tes propres limites dans ce processus.
 

Il est possible de prendre le temps et l’opportunité pour explorer son identité, son genre et sa sexualité. Ce sont, après tout, tous des concepts assez fluides : c’est-à-dire que c’est correct de se sentir ni complètement ceci, ni complètement cela. Explorer les différentes identités de genre et les termes qui y sont associés tout en échangeant avec des gens de la communauté peut être une expérience très enrichissante !

Liens de ressources LGBTQAI2S+ :

Je vois que tu habites dans la région de la Capitale-Nationale du Québec. L’association Aide aux trans du Québec a établi, il y a déjà quelques années, un groupe de soutien dans la Ville de Québec réservé aux personnes trans ou en questionnement. Si tu ressens le besoin de partager ton histoire et tes questionnements, et de rencontrer des personnes ayant vécu des situations similaires à la tienne, n’hésite pas à leur téléphoner ou leur écrire. Il est aussi possible de demeurer informé.e des différentes activités proposées par l’Alliance Arc-en-Ciel de Québec.
Par ailleurs, il y a aussi l’organisme (que j’adore!) Enfants transgenres Canada. C’est un organisme de soutien à la fois pour les enfants trans, mais également pour les familles de celles-ci et ceux-ci. Ils ont par exemple contribué à réaliser ce court vidéo qui s’adresse aux parents : Mon enfant est trans, je fais quoi?.
 
Au sujet des inhibiteurs d’hormones : 
Il se peut que tu aies peut-être réfléchi à la prise de bloqueurs d’hormones pour bloquer les transformations physiques de ta puberté. Tu peux lire davantage d’informations dans ce guide d’outils sur les hormones rédigé par l’association française OUTrans (à partir de la page 27 du guide, précisément!). N’hésite pas à poser des questions aux professionnel.le.s de la santé de ton entourage pour plus d’informations à ce sujet.
 
Liens vidéo :
La série Trans 101 de Chase Ross (tu peux mettre des sous-titres en français) : https://www.youtube.com/watch?v=VRH0pwENbx8&list=PL7SgbxvTR7N5-jYeT2Coj99qnRQTIArKP
Trans 101- The basics (les sous-titres encore une fois ! ) : https://www.youtube.com/watch?v=-3ZzpTxjgRw
 

Sites web : 

D’abord, ce merveilleux vidéo qui vulgarise la non-binarité, et mettant en vedette notre collègue Phillie 😀
Les réalités et les défis des jeunes non binaires et non conformes dans le genre
Glossaire LGBTQI2SNBA+ : Les mots de la diversité
Cet article concernant la non-binarité ou la fluidité de genre
Et le fameux Genderbread! Il y a aussi la Licorne du genre, que je glisse l’image ici-bas, qui me semble un peu plus complet que le Genderbread ! À toi de voir. 🙂

Association d’entraide et d’action pour les personnes trans et intersexe

Trans Student Educational Resources

 
Avant de conclure, est-ce que tu connais Sophie Labelle? Elle fait des bandes dessinées fantastiques au sujet de la transidentité. Je te laisse l’adresse de son site web pour que tu puisses lire un peu de ce qu’elle fait.

Merci de nous avoir fait confiance ! Et je te félicite de nous avoir écrit, ce n’est pas toujours la chose la plus facile à faire. Je te souhaite plein de belles choses, et bon chemin !

Tu es valide, tu es aimé.e, et tu en vaux la peine !
Prends soin de toi,

Steff.e.s, bénévole pour AlterHéros

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