13 septembre 2012

J'ai 14 ans et mes parents ne veulent pas entendre parler de bloqueurs d'hormones, que faire?

Salut Alter-Héros !
Cela fait maintenant 1 an (j’ai 14 ans depuis) que je me posais la question de transsexualité. Votre réponse m’a beaucoup éclairci et je vous en remercie.
Dans votre dernière réponse, vous parliez des hormones androgènes stoppant la puberté. Je m’y intéresse beaucoup (pour stopper les règles) mais aussi pour arrêter ma puberté féminine. Mais ma mère ne voit pas ça du bon œil et refuserait impérativement de m’en donner.
(Pareil pour mon père).
-Comment faire pour m’en procurer légalement sans l’accord de ma mère ? (par le biais d’un psychologue/psychiatre ou autre ?)
J’ai envoyé récemment un email à Mag en espérant une réponse pour rencontrer des gens et avoir des coordonnées pour avancer dans mon parcours, dans lequel je ne bouge absolument pas à mon grand désespoir, à cause de l’age…

Élyse Vander


Salut Alter-Héros !
Cela fait maintenant 1 an (j’ai 14 ans depuis) que je me posais la question de transsexualité. Votre réponse m’a beaucoup éclairci et je vous en remercie.
Dans votre dernière réponse, vous parliez des hormones androgènes stoppant la puberté. Je m’y intéresse beaucoup (pour stopper les règles) mais aussi pour arrêter ma puberté féminine. Mais ma mère ne voit pas ça du bon œil et refuserait impérativement de m’en donner.
(Pareil pour mon père).
-Comment faire pour m’en procurer légalement sans l’accord de ma mère ? (par le biais d’un psychologue/psychiatre ou autre ?)
J’ai envoyé récemment un email à Mag en espérant une réponse pour rencontrer des gens et avoir des coordonnées pour avancer dans mon parcours, dans lequel je ne bouge absolument pas à mon grand désespoir, à cause de l’age…
Adam

Bonjour Adam,
Je suis heureuse d’apprendre que nous avons pu t’aider, et que nous puissions le faire encore une fois. Je vois que tu poursuis ton bout de chemin et que ta puberté te dérange beaucoup. Tu aimerais pouvoir la stopper avec une médication mais tu n’as pas le soutien de tes parents. Que faire?
Le médicament dont tu parles n’est en fait pas une hormone, mais plutôt ce qu’on appelle un bloqueur de puberté. Les bloqueurs se rendent dans le cerveau et désactivent  la petite alarme qui crie à ton corps de produire des oestrogènes. Leur effet est temporaire; dès qu’on cesse d’en prendre, la production hormonale reprend comme si rien ne s’était passé. C’est donc le médicament qui est souvent donné aux adolescents trans car il n’a aucune conséquence à long terme si le jeune décide finalement de ne pas effectuer de transition.
Maintenant, pour obtenir ces médicaments, il faut, comme tu le dis, obtenir une lettre d’évaluation d’un psychologue, psychiatre ou sexologue. En France le consentement légal est à 15 ans. À cet âge il sera possible pour toi de voir un médecin sans que tes parents le sachent. Un médecin pourrait t’informer sur les aspects de santé de la transition et te référer à des spécialistes. Mais, même lorsque ça sera fait, il est presque assuré que tu devras avoir le consentement de tes parents pour débuter tout traitement. Ça fait partie des cas d’exception de traitement que peu de médecins veulent entreprendre sans consentement parental, car ils ont peur des représailles.
Par contre, rien ne t’empêche d’entrer dès maintenant en contact avec un psychologue à travers les ressources de ton école. Leur aide pourrait t’être très utile, afin de t’aider à commencer ton cheminement, afin de t’affirmer et de débuter un dialogue avec tes parents. Tu sais, en attendant l’âge légal, c’est vraiment au niveau de ton affirmation auprès d’eux que tu dois travailler. Tes parents croient peut-être  que ça va passer, mais c’est pour eux une façon d’éviter de faire face à la réalité. C’est pourquoi il est très important de continuer à parler régulièrement avec eux, ne serait-ce que pour qu’ils s’en lassent et décident de t’aider à avoir le soutien dont tu as besoin! Mais en même temps, tu dois faire preuve d’une grande patience et d’un grand cœur avec eux, car tu dois te rappeler qu’ils vivent quelque chose de difficile  aussi. C’est ta responsabilité de leur expliquer avec fermeté, mais douceur et compréhension également, ce que tu ressens. Il serait donc très important de te munir d’une liste de ressources qui pourraient les aider à traverser cette période. Il est fort possible qu’ils se sentent perdus et impuissants et qu’ils ressentent le besoin d’être guidés et de fraterniser avec d’autres personnes qui vivent la même situation qu’eux. Voici une liste des ressources les plus importantes :
– Une association de parents de personnes LGBT dans la région où tu vis.
– Laura’s Playground (www.lauras-playground.com/) . La mère d’une jeune trans que je connais a pu trouver d’autres mères avec qui parler sur ce forum de soutien.
– Si tes parents ont une compréhension correcte de l’anglais, je te suggère fortement d’imprimer le guide Families in TRANSition (http://www.ctys.org/sites/default/files/familiesintransition-a_resource_guide_for_parents-080608.pdf) et de leur donner. Ce document est une mine d’or d’informations pour les parents de jeunes trans et couvre toutes les étapes de la démarche (acceptation, aspect médicaux, accompagnement du jeune).
– Alterhéros,… hé oui! Si tes parents veulent nous écrire une question, cela sera un plaisir d’y répondre!
– Finalement, voici une excellent documentaire sur la réalité des jeunes trans (http://video.telequebec.tv/video/2750) . Cette émission prouve hors de tout doute qu’il est possible de faire une transition équilibrée et heureuse à adolescence. Je te suggère de le visionner avec tes parents.
Tu sais, il ne faut pas baisser les bras. Il est important de parler de ton identité de genre tous les jours à tes parents, même si ça leur casse les pieds. Ainsi, tu leur montreras le sérieux de ton cheminement, et ils verront à quel point la situation est souffrante pour toi. Et puis, il y a plein de choses que tu peux faire avant même de prendre des médicaments, pour affirmer ton identité. Procure toi des vêtements qui te plaisent (auprès d’un ami peut-être), fais toi couper les cheveux de façon plus masculine, utilise en parlant de toi un nom ou surnom qui te plait, etc. Ça tes parents ne peuvent pas t’en empêcher! Ne perds pas courage, la plupart des parents de personnes LGBT finissent par accepter la différence de leur enfant, surtout quand ils sont accompagnés de manière douce, aimante, mais ferme, par celui-ci.
Et tu sais, même si tu dois faire preuve de patience et même si ta situation actuelle te semble insoutenable, ta vie doit continuer! Continue de t’impliquer dans les activités, hobbies, sports et loisirs qui te font vibrer. Travaille fort à l’école. Entoure toi d’amis qui comprennent et supportent ton cheminement, à qui tu pourras te confier.Tu sais, moi, j’ai fait ma transition à 24 ans. Mais avant ça, même si pas une journée ne se passait sans que je ne me sente mal par rapport à qui j’étais, j’ai quand même obtenu un diplôme universitaire et une ceinture noire de karaté. J’ai lu des tas de livres, écrit des chroniques sur un site web portant sur la musique, j’ai fait du théâtre, etc. Alors quand est venu pour moi le temps de faire ma transition, j’avais une telle connaissance de moi même, de mes forces, intérêt et talents, que la transition s’est fait rapidement et sans heurts.
Alors n’oublie pas, chaque jour que tu refuseras de baisser les bras, tu feras un pas de plus vers la vie dont tu rêves!

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