Avez-vous des ressources concernant la contraception et la grossesse pour les personnes trans?
Bonjour,
Bonjour M!
Merci d’avoir contacté AlterHéros! C’est avec plaisir que je peux vous donner de l’information rapport à la contraception pour les personnes trans.
D’abord, je crois qu’il est important de souligner que les personnes trans et non-binaires ont, comme les personnes cisgenres, des besoins très variés en termes de contraception. Il faut donc prendre en compte plusieurs facteurs lorsqu’on accompagne une personne trans ou non-binaire dans le choix d’une méthode de contraception.
Les repères habituels des professionnel.le.s de la santé ou de la relation d’aide peuvent être bouleversés lorsqu’il est question du potentiel de fertilité et de l’orientation sexuelle des personnes trans. En effet, une personne trans en relation hétérosexuelle avec une personne cis (une femme trans en relation avec un homme cis par exemple), n’aura pas besoin de méthode de contraception, alors qu’une personne trans en relation homosexuelle avec une personne cis (un homme trans en relation avec un homme cis par exemple) pourrait en avoir besoin. Il vaut donc mieux éviter les présomptions sur les systèmes reproducteurs impliqués dans l’équation et sur les actes sexuels pratiqués, et s’assurer de bien comprendre s’il y a ou non un potentiel de grossesse. Il est également crucial de ne pas présumer que la personne trans ou non-binaire a entamé ou désire entamer des démarches de transition médicale.
Dans le cas où une personne trans ou non-binaire a recourt à l’hormonothérapie, il faut qu’elle soit consciente que ce n’est pas une méthode de contraception en soit. En effet, bien que la testostérone, les antiandrogènes et les estrogènes aient comme effet de diminuer la fertilité de la plupart des personnes trans qui en prennent, il demeure possible pour une personne qui prend de la testostérone de tomber enceint.e et pour une personne qui prend des estrogènes et/ou des antiandrogènes de provoquer une grossesse chez un.e partenaire. Puisque la testostérone ne prévient pas à elle seule la grossesse et qu’elle présente des risques importants de provoquer des malformations congénitales, il est particulièrement important que les personnes qui prennent de la testostérone aient recours à une méthode de contraception fiable si elles n’ont pas eu d’hystérectomie et qu’elles cessent la prise de testostérone si elles désirent tomber enceintes.
Les personnes trans ou non-binaires qui ont un utérus peuvent avoir recours aux mêmes méthodes de contraception que les femmes cis, même si elle prennent de la testostérone, mais plusieurs d’entre elles désirent éviter les effets féminisant des pilules contraceptives et des autres méthodes de contraception hormonales qui contiennent de l’œstrogène. Il est possible dans ce cas d’opter pour des méthodes de contraception hormonales qui ne contiennent que de la progestérone, comme le stérilet hormonal, l’acétate de médroxyprogestérone (Depo-Provera) ou la minipilule. Certaines personnes vont aussi opter pour des méthodes de contraception à base de progestérone dans le but de faire cesser leurs menstruations si celles-ci leur causent de la dysphorie et qu’elles ne veulent pas prendre de testostérone ou que la prise de testostérone n’est pas suffisante pour arrêter leurs règles.
Le stérilet de cuivre peut sembler être une option intéressante pour les personnes trans ou non-binaires qui désirent une contraception à long terme qui ne contient pas d’hormones. Par contre, puisqu’il provoque presque inévitablement des crampes utérines et des règles plus abondantes, il est inadéquat pour les personnes qui ont de la dysphorie liée à leur utérus ou à leurs règles. Il faut aussi noter que la prise de testostérone entraîne fréquemment une atrophie et de la sécheresse vaginale et que l’insertion d’un stérilet, hormonal ou de cuivre, peut ainsi être plus difficile et douloureuse.
Par ailleurs, l’utilisation de condoms externes ou internes est tout à fait appropriée pour les personnes trans et non-binaire et est bien sûr la seule méthode de contraception qui protège aussi contre les ITSS. En cas de bris du condom, il est possible de recourir à la contraception orale d’urgence (pilule du lendemain), même si la personne prend de la testostérone.
Finalement, l’hystérectomie, avec ou sans ablation des ovaires, ainsi que l’orchidectomie (ablation des testicules) peuvent être des options intéressantes pour les personnes qui ne désirent pas vivre ou induire une grossesse. Contrairement à d’autres opérations d’affirmation du genre comme la vaginoplastie, la phalloplastie ou la métaïodoplastie, elles ne nécessitent pas de lettre de recommandation d’un.e professionnel.le de la santé mentale et peuvent être obtenues via le système de santé public régulier. Les personnes qui souhaitent y recourir peuvent prendre contact ou demander une référence à un.e urologue (pour l’orchidectomie) ou un.e gynécologue (pour l’hystérectomie).
J’espère que ma réponse vous éclaire par rapport aux options de contraception pour les personnes trans et non-binaires. Si vous voulez de l’information plus détaillée, je vous invite à consulter cet article (en anglais) qui offre un survol complet des enjeux reliés à la contraception chez les personnes transmasculines. Il existe également ce guide créé par la Fédération québécoise du planning des naissances qui constitue une magnifique référence à consulter : Services d’avortement adaptés aux réalités trans : Un guide visant à permettre aux prestataires de soins d’instaurer des politiques et des pratiques qui tiennent compte des réalités trans dans un contexte d’avortement
N’hésitez pas à nous réécrire si vous avez d’autres questions!
Séré, intervenant pour AlterHéros