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3 octobre 2006

Carnets de voyage : Provincetown, une destination gaie à éviter pour les jeunes

AlterHéros

On m’a souvent parlé d’un endroit aux États-Unis où quasiment toute la population est homosexuelle. Une telle destination a de quoi intriguer. Comment se sent-on lorsque l’on est en majorité au niveau de son orientation sexuelle par rapport aux autres? Comment est dépeinte la diversité dans un tel endroit? Voilà des questions auxquelles j’ai décidé de répondre en allant explorer cette destination, nommée Provincetown, dans l’état du Massachussetts, à 675 kilomètres de Montréal.
 

photo: Marc-Olivier Ouellet

Provincetown : un ancien village de pêcheur

Provincetown est le petit village tout au bout de Cape Cod, ce cap qui se prolonge dans l’océan atlantique à la hauteur de Boston.   Entouré par l’océan, doté ses plages sablonneuses, de petits bateaux de pêcheurs, Provincetown est définitivement un endroit privilégié pour la détente et les mordus du plein-air. 
 
Fondé officiellement en 1727, ce village était peuplé pendant plusieurs années par des pêcheurs, pour la majorité portugais, qui avait été engagés par l’armée américaine. Peu à peu, la population de ce village a augmenté et a su attirer plusieurs artistes et auteurs. Au début du 20e siècle, Provincetown a su s’établir une réputation internationale pour son côté artistique.
 
Durant les années 60, Provincetown est devenu un endroit primé chez les hippies, puisque les maisons se vendaient alors à un prix abordable durant l’été et se louaient peu cher durant l’hiver. Ainsi, de plus en plus de personnes ont afflué vers ce petit village. Dans les années 70, la communauté gaie de Provincetown s’organise et décide de promouvoir le tourisme du village auprès de la communauté gaie. Leurs efforts ont bien fonctionné. Aujourd’hui, Provincetown, aussi appelé « P-town » est une destination très courue par la communauté gaie américaine.
 

photo: Marc-Olivier Ouellet

P-town : une destination gaie mais…

P-town est avant tout une ville de 3500 habitants qui vit de son industrie touristique, attirant beaucoup des gais et lesbiennes, mais aussi de familles et de nombreux couples d’amoureux désirant se détendre et profiter des activités de plein-air qui y sont proposées : marche à pied, randonnées en vélo, pêche, baignade, etc. Ceux et celles qui connaissent la région québécoise du Bas St-Laurent, notamment Rivière-du-Loup et Notre-Dame-du-Portage se retrouveront à Provincetown avec l’atmosphère qui s’en dégage.
 
Lors de mon passage, la haute session touristique était déjà terminée et la température laissait à désirer et donc, une promenade sur la plage était malheureusement à exclure dans la planification de ma journée. Armé de mon parapluie, j’ai décidé de me promener et visiter les nombreuses petites boutiques touristiques et galeries d’art.
 
Se promener sur Commercial Street, l’artère commerciale principale du village, est en quelque sorte comme une visite lors d’une journée communautaire du festival gai Divers/Cité à Montréal. Les drapeaux arc-en-ciel sont à l’honneur et de nombreux couples gais et lesbiens paradent main dans la main sans honte. C’est un peu comme une mini fierté en permanence ou bien, se promener dans le village gai de Montréal ou Castro à San Francisco.
 
La diversité à l’honneur?
Paradoxalement, la diversité n’est pas à l’honneur à Provincetown. Certes la majorité des touristes qui fréquentent sont gais et lesbiennes, mais j’ai trouvé qu’ils partageaient tous le même profil : âgés, blancs et américains. Selon les données sur Wikipédia, la population des 15 à 24 ans ne représente que 5% de la population. C’est donc une destination à éviter pour les jeunes allosexuels. En effet, P-Town est en quelque sorte la destination « retraite » pour les gais et lesbiennes. Plus de 51% de la population est âgée de 45 ans et plus, et 88% est d’origine caucasienne (de race blanche). Vivement la diversité culturelle! Résultat : les boutiques, les galeries d’arts, les restaurants et les bars sont adaptés à ce type de clientèle, qui n’a malheureusement rien pour attirer une clientèle plus jeune. Les boutiques offrent sensiblement tous la même marchandise : t-shirts, chandails, accessoires de cuisine, drapeaux et autres trucs inutiles. Même chose pour les galeries d’arts. On y retrouve le même type d’œuvres d’art, à la sauce érotique gaie un peu surexposée. Ceux qui connaissent le Festival des Arts du Village à Montréal comprendront ici ma pensée. Au niveau des restaurants, des bars ou des night-clubs, il y en a très peu, et leur ambiance, musique et style laissent à désirer. 
 

photo: Marc-Olivier Ouellet

Mentionnons malgré tout deux petits coups de cœur : la boutique « Marine Specialties » où on  retrouve tout plein d’articles inusités parfaits pour les amoureux d’accessoires et coutumes, et la boutique « Don’t panic » où les t-shirts avec slogans anti-bush et pro-gai sont dans toutes les couleurs et toutes les grandeurs.

 
En conclusion
C’est donc un peu déçu que j’ai quitté Provincetown. J’aurais espéré trouver un endroit avec plus de charme, d’unicité, et de personnalité. J’y ai trouvé un endroit où les icônes gaies sont surutilisées, où la population est âgée et malheureusement, pauvre en diversité.
 
Si vous êtes à la recherche d’un endroit dynamique et jeune pour faire de nouvelles rencontres sympathiques, Provincetown n’est pas l’endroit. Par contre, si vous êtes en couple et vous désirez passer de petites vacances en amoureux dans un endroit tranquille et reposant sur le bord de l’océan, P-Town peut en valoir le détour.
 

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